Le deuxième volet de cette série d'été nous emmène en Oisans, sur la route de Villard-Notre-Dame. Une route étroite et sinueuse, avec de magnifiques encorbellements, qui mène à un petit village sur les hauteurs, où le temps semble s'être arrêté...
Reportage. La départementale 219, une route escarpée qui s'élève au- dessus de Bourg- d'Oisans, la vallée de la Romanche dans le dos, 2 ou 300 mètres d'aplomb par endroit. Difficile de croiser une autre voiture ou même d'y doubler un cycliste. Ces 9 kilomètres d'un chemin sinueux débouche sur un village isolé, Villard-Notre-Dame, à 1520 mètres d'altitude, onze habitants à l'année.C'est dans l'ancien bistrot du village que Marie-Claude a établi son atelier de sculpture. Elle a toujours rêvé de s'installer ici. Enfant à Bourg-d'Oisans elle "regardait d'en- bas cette route incroyable taillée dans la roche et la falaise" et dont on lui avait dit " qu'il y avait un village au bout, et même une école". Elle était allée un jour voir, avec sa grand-mère, et c'était vrai... elle s'était jurée de revenir.
Dans son travail de création, il lui arrive de puiser son inspiration dans les récits légendaires du pays. On racontait autrefois que cette route était un croque-mitaine de la falaise, façon de mettre en garde les petits, qu'ils ne s'approchent pas trop du précipice.
Cette route n'est pas l'âme du village, mais elle est sa veine, son artère"
Maire du village depuis 2008, ancien champion de ski, aujourd'hui artisan et moniteur de ski, Philippe Brun connaît la petite route par coeur, et parle avec émotion de Joseph Paganon, auquel le village a consacré une plaque sur la petite place principale. Elle devait bien cela à cet ingénieur des Ponts-et-Chaussées devenu Ministre des travaux publics en octobre 1932 et qui a mené, au cours des années 1937/1939 la construction de ce qui ne représente" pas toute l'âme du village, mais qui est incontestablement sa veine, son artère".
Car avant la construction de cette route escarpée, il n'y avait qu'un chemin muletier qui desservait essentiellement la mine de la Gardette, une mine d'or découverte au XVIe siècle. Mais de l'or, il n'en sera extrait que quelques kilos dans toute son histoire. En revanche, elle a fourni un quartz exceptionnel... utilisé pour les lustres ornant la galerie des glaces du château de Versailles.
Reportage de Grégory Lespinasse, Franck Ceroni, Hervé Cadet-Petit & Azedine Kebabti