Ce n'est pas encore de l'inquiétude qui se devine dans les propos des salariés d'AREVA à Jarrie, mais un certain attentisme à l'heure où le groupe promet une "thérapie de choc" avec un plan d'un milliard d'euros d'économies, d'importantes cessions et un recentrage de ses activités.
AREVA et Jarrie, en Isère, c'est une histoire qui a commencé en 1961. Aujourd'hui 250 salariés travaillent chez Cezus - AREVA. Ils font partie de la filière du zirconium, la première barrière de sécurité du combustible nucléaire. Dans ce domaine, AREVA est même leader et fournit la plupart des grands exploitants nucléaires dans le monde. La seule concurrence relevée vient d'Amérique et un peu de Chine. Pour autant, depuis l'accident nucléaire de Fukushima, les salariés ont noté une baisse d'activité, de l'ordre de 15%. Mais ils ont un savoir-faire qui les fait espérer. Le CCE de la branche à laquelle le site de Jarrie, AREVA NP appartient est prévu le 10 mars. Ils seront donc rapidement fixés.
Reportage Céline Aubert et Franck Ceroni
En attendant, le directeur du site, Jean-Jacques Rospars, reconnaît que le groupe doit "se réformer pour retrouver une capacité d'autofinancement et une capacité à construire son avenir. Aujourd'hui, explique-t-il, pas une branche du groupe n'est suffisamment rentable pour assurer et payer ses propres investissements, et donc, ça génère un endettement."
Interview
1 milliard d'économies
Ce mercredi 4 mars, le directeur général d'Areva, Philippe Knoche, a affirmé que le groupe n'écartait pas des suppressions d'emplois après avoir confirmé une perte record de 4,8 milliards d'euros pour 2014. "Nous ferons tout pour que, s'il doit y avoir des départs, ils se fassent sur la base du volontariat", a déclaré Philippe Knoche lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a rappelé l'objectif d'1 milliard d'économies à l'horizon 2017.En attendant, Areva prévoit d'engager, "à partir de la fin du mois de mars", une phase de concertation avec les organisations syndicales sur "un projet d'accord-cadre" relatif à "l'emploi, aux rémunérations et au temps de travail".
AREVA étant détenu à plus de 87% par des capitaux publics, le ministre du Travail, François Rebsamen s'est permis d'assurer que le gouvernement suivrait "de près" le dossier et qu'à ce stade aucune suppression de poste n'avait été évoquée, notamment lors d'une rencontre avec le président du conseil d'administration, Philippe Varin en présence du ministre de l'Economie Emmanuel Macron. Qui croire?
Récit Céline Aubert
"Nous estimons que ce n'est pas aux salariés de payer les conneries, ni les malversations autour d'Uramin (société acquise en 2007)", commente un syndicaliste CGT.
Quels sont les solutions?
Selon le groupe, le milliard d'économies se fera surtout via "de nouveaux leviers d'achats", "une forte amélioration de la productivité" et "en allégeant les structures et en optimisant les implantations géographiques". Areva table sur un retour dans les trois ans à un niveau de marge "comparable à celui de ses concurrents sur les différents marchés du monde".Le groupe a aussi annoncé une nette réduction de ses investissements et un programme de cessions d'actifs supérieur aux 450 millions d'euros prévus en octobre dernier. Sont aussi prévus: "la levée de financements bancaires au niveau des actifs industriels" et "des partenariats comportant un volet financier".