Les années passent et se ressemblent dans les SPA de la région toujours surpeuplées en période estivale. Mais les abandons ne sont pas l'unique raison à cela. Les défenseurs de la cause animale sont confrontés à une augmentation des actes de maltraitance.
Leurs blessures sont de moins en visibles mais Daryl et Maxou gardent encore les traces du déchainement de la violence de leur maître. Lardés de coups de couteau pour le plus grand, les côtes brisées pour le plus jeune, ces deux chiens sont arrivés mardi 12 juillet à la SPA du Dauphiné, sauvés in extremis par l’intervention des pompiers.
Une histoire qui a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux mais qui n’est hélas pas un cas isolé. "Les actes de cruauté envers les animaux et surtout de maltraitance extrême sont en augmentation" explique Gérard Lassiaz, le Président de la SPA du Dauphiné, "avant on avait un ou deux cas comme celui-ci par an, mais là on est à quatre ou cinq rien que sur le premier semestre".
Pour Gérard Lassiaz, cette cruauté est le reflet de la problématique humaine, "Problèmes psychologiques, sociaux, on se défoule sur les animaux".On se défoule sur les animaux
Et la SPA n’est pas seulement là pour les recueillir, elle intente des actions en justice pour que ces actes ne restent pas impunis. Des démarches longues et qui coûtent chères mais l'association peut heureusement compter sur le soutien d'une avocate grenobloise. Dans le cas de Daryl et Maxou, les deux rescapés, l'adoption ne sera pas possible avant six mois et le procès de leur maître.
Pas une cage de vide
Des cas de maltraitance qui s'ajoutent en ce moment aux nombreux abandons. A la SPA du Dauphiné, une cinquantaine de chiens et presque autant de chats attendent une nouvelle famille. Le refuge est en ce moment surpeuplé et la chaleur complique la tâche des salariés et bénévoles qui prennent soin d’eux."Il faut faire attention" explique Lauriane la soigneuse de chiens, "on mouille le sol pour qu’ils ne se brûlent pas les pattes et ne fassent pas un coup de chaud".Situation identique à la chatterie où le téléphone ne cesse de sonner. Les gens préviennent ou pas qu'ils viennent abandonner un animal. Certains les déposent même dans un carton devant le portail. "C’est terrible" explique Yannick, responsable des félins, "certains chats restent prostrés, sous le choc de l’abandon et refusent de se nourrir".Certains restent prostrés et refusent de se nourrir
C’est le cas de Tigresse, une adorable minette adulte, "un amour de chat" confie Yannick "mais qui n’attire pas l’attention car elle ne va pas vers les gens". Quelques gratouilles, il n’en faut pourtant pas plus pour apprivoiser Tigresse, une boule de poil particulièrement câline.
Un œil par la fenêtre suffit à comprendre l’ampleur des abandons en cette période. Sur le parking, les voitures défilent. On vient abandonner un chien Patou car il s’est mis à boiter et que ses propriétaires ne peuvent ou ne veulent pas le faire soigner, un petit cocker, un lapin nain puis un troisième chien. Il s’est seulement écoulé une heure.
Un reportage d'Aurélie Massait, Florine Ebbhah et François Hubaud
L'arrivée de tous ces nouveaux pensionnaires occasionne évidemment plus de dépenses pour l’association qui fonctionne essentiellement grâce aux dons et aux legs. Mais ceux-ci se font rares. Besoin d’argent donc, besoin de bénévoles aussi. Cela fait 78 ans que la SPA du Dauphiné se démène pour continuer son action.
Renseignement sur le site de la SPA du Dauphiné.
La SPA du Dauphiné
La Société protectrice des animaux du Dauphiné a été créée en 1938. En 1965, le docteur Pierre Mora crée le refuge de Belledonne au Maupas à Saint-Martin-d’Uriage.
Ce dernier est vendu à la Métro en 1978 qui le ferme pour des raisons économiques en 1993. A la fin de l’année 1994, la SPA du Dauphiné peut racheter le refuge grâce un leg.
Depuis le 24 février 1972, la SPA du Dauphiné est une association reconnue d’utilité publique