Circulation chaotique en centre-ville pour cause de manifestations contre sa venue, alertes au colis piégé dans l'hôtel de luxe de sa conférence... Eric Zemmour a connu une visite tourmentée à Genève. Sa venue avait créé la controverse en Suisse, mais il a persisté.
Des centaines de personnes ont manifesté à Genève à l'appel d'organisations antifascistes devant l'hôtel où le polémiste Eric Zemmour s'est exprimé mercredi 24 novembre en compagnie de l'avocat suisse Marc Bonnant. Le collectif avait menacé de s'en prendre à l'hôtel Hilton, où le polémiste d'extrême-droite a donné une conférence-débat.
Le candidat putatif à la présidentielle est l'invité de l'association Convergence, fondée par une Française de Genève, qui organise une rencontre avec 300 personnes, dans un lieu pourtant tenu secret jusqu'au tout dernier moment.
Vers 18 heures, ils étaient près de 2 000 à manifester dans le centre-ville aux cris de "Zemmour, casse-toi, Genève est anti-fa". Aucun incident n'a été signalé. Quelques heures à peine avant qu'il ne prenne la parole dans l'hôtel où est organisée sa conférence, plusieurs alertes au colis piégé ont été signalées dans l'établissement, situé tout près de l'aéroport et protégé par de nombreux policiers.
La police genevoise confirme avoir réagi aux menaces planant sur l'hôtel. Les démineurs ont procédé à ce qu’on appelle une levée de doute. Selon les journalistes de la Radio Television Suisse sur place "la mobilisation se veut populaire et pacifique et compte même parmi elle des enfants. Un important dispositif policier a tout de même été déployé pour l'occasion." Vers 20 heures, les invités étaient pour la plupart déjà arrivés sur place.
Eric Zemmour persona non grata à Genève
"La frontière est ouverte pour Zemmour, il faudrait qu'elle soit ouverte pour tous", a déploré Nadine, 61 ans, une Française venue manifester pour dénoncer les propos du polémiste sur l'immigration. "Il vient chercher des sous" à Genève, a fustigé pour sa part un manifestant genevois, Julien, 50 ans. Dès que le bruit de la venue du polémiste a couru il y a quelques jours, les murs de Genève ont été recouverts de tags haineux : "Pas pour Zemmour", "Zemmour on va te fumer !" ou encore "Crève Zemmour de merde !".
La maire de Genève, Frédérique Perlier, avait affirmé dimanche 14 novembre être opposée à la venue d'Eric Zemmour à l'occasion d'une de ses conférences et indiqué "que la Ville ne mettrait aucun lieu public à la disposition du polémiste français". Le conseil administratif de Genève avait déclaré, samedi 13 novembre, ne pas vouloir recevoir le probable candidat à l'élection présidentielle sur son sol. Des politiciens locaux ont lancé une pétition en ligne contre sa venue, tandis qu'un autre groupe de personnes, réunies sous le nom "Organisation des Français émigrés", a publié une autre pétition pour défendre sa venue, au nom de la "liberté d'expression".
Sur les antennes de la RTS, Frédérique Perlier avait notamment déclaré "qu'autoriser Monsieur Zemmour à tenir une conférence dans une infrastructure de la ville de Genève, ferait, d'une part, la démonstration que la ville de Genève serait complice de la propagation de ses messages haineux. Ce serait d'autre part contraire aux valeurs défendues par la ville de Genève, dans le cadre de ses politiques publiques. Nous serions donc en totale contradiction."
Quête de soutiens financiers
Au départ, la conférence d'Eric Zemmour devait se tenir dans le restaurant d'un parc de la ville, mais la municipalité l'a interdit, selon les médias suisses. Selon son entourage, Eric Zemmour, candidat pas encore déclaré mais qui joue des coudes dans les sondages avec l'autre figure de l'extrême droite française, Marine Le Pen, doit également s'entretenir avec quelques journalistes suisses.
Interrogé sur les remous que sa venue a provoqué à Genève, Eric Zemmour avait déclaré récemment à la télévision publique suisse : "Je viens toujours à Genève pour chacun de mes livres depuis 20 ans". Sur son compte Twitter, il a indiqué mercredi avoir rencontré à Genève des élus des deux grands partis suisses de droite, dont Yves Nidegger, de la droite populiste UDC, premier parti de Suisse.
Venu à la conférence-débat, il a indiqué aux journalistes qu'Eric Zemmour est un "homme intéressant", venu en Suisse pour "chercher des soutiens financiers" auprès de Français qui ont trouvé "refuge" dans le pays alpin.