"Terreur de Jeunesse" : le parcours d'un ex-jihadiste à Villefontaine en Isère

De la petite délinquance entre Lyon et Grenoble jusqu'aux attentats de 1995 en passant par la Bosnie et l'Afghanistan, David Vallat a emprunté les routes du jihad qui l'ont conduit jusqu'en prison: 20 ans après, il témoigne de sa radicalisation, dans un livre "Terreur de jeunesse".

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"Je sais de quoi je parle": David Vallat, aujourd'hui cadre dans une entreprise de la région lyonnaise, a grandi à Villefontaine en Isère, une ville nouvelle de la grande banlieue lyonnaise "où ont poussé les immeubles gris et pas mal d'ennui".

Dans son livre qui vient de paraître, il raconte "les chemins de la radicalisation" : la délinquance plus ou moins petite, une adolescence en quête de repères et de sens marquée par sa conversion, pas si fréquente à l'époque, à l'islam, les images des atrocités de la guerre en Yougoslavie et son départ en Bosnie, la montée d'un islamisme radical en rupture avec la religion des parents, l'Afghanistan et ses camps d'entraînements, les réseaux du GIA en Europe, les attentats de l'été 95, Khaled Kelkal, Ali Touchent, Boualem Bensaïd qu'il a côtoyés...David Vallat va s'arrêter et sera arrêté avant de tomber dans l'ultraviolence car, dit-il, s'il se rêvait en "combattant", il a toujours refusé de prendre des civils comme cibles.

Aujourd'hui, comme hier, ce sont les mêmes processus de radicalisation"


"La seule vraie différence, c'est qu'à l'époque, le discours était appuyé par des images extrêmement rares avec des cassettes VHS qui circulaient sous le manteau et il fallait avoir l'initiative d'y accéder alors qu'aujourd'hui elles s'invitent chez vous." Pour autant, David Vallat souligne l'importance des propagandistes de l'idéologie islamiste et ses relais écrits.
"Le gars qui se radicalise tout seul devant son écran, je n'y crois pas une minute. Il y a forcément un relais humain, quelqu'un autour qui a un ascendant et qui s'appuie sur cette doctrine là, écrite", souligne le quadragénaire.

l'islamisme "s'insinue dans les failles personnelles comme un cancer".


"On a laissé se répandre un corpus littéraire dans les librairies musulmanes, produit à 80% par l'Arabie Saoudite, qui sous-tend l'idéologie wahhabite. Ne soyez pas étonné d'y lire que celui qui abandonne la prière trois jours peut être exécuté. Sous couvert de religiosité", appuie-t-il.

C'est au moment de son arrestation en 1995 et lors de son incarcération qu'il entreprend un processus de "démobilisation", un terme qu'il préfère à celui de déradicalisation car il affirme avoir retrouvé sa "citoyenneté". "La philosophie des droits de l'homme, elle n'est pas sectaire, elle ne sort jamais du champ humain." 

Condamné à Paris en 1998 à six ans de prison pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", David Vallat a vu sa peine ramenée à cinq ans en appel.

"Je suis croyant encore aujourd'hui mais ma lecture du monde a radicalement changé", souffle-t-il. Son itinéraire peut-il servir d'exemple? "J'imagine bien être atypique mais au point d'être unique", sourit-il. Sans aucun angélisme, il appelle à "combattre l'idéologie pied à pied" et à ne pas seulement "couper les têtes d'une hydre qui vont repousser".

"Si nous répondons par le tout-répressif, nous allons créer une animosité qui va s'ancrer dans l'âme et nous allons reconnaître que cette idéologie est plus forte que la nôtre car nous ne serons pas capables de récupérer ceux qui y ont cédé alors qu'eux oui", détaille-t-il. "Il faut être convaincu que l'humanisme, tout perfectible qu'il soit, est la seule philosophie qui puisse parler au plus grand nombre."  

"Pour ne pas retomber dans l'état d'urgence, aussi justifié soit-il actuellement, il faut une urgence d'Etat. Pas l'Etat dans sa répression mais l'Etat dans son expression" pour contrer une idéologie qui vise à fragmenter la société. En particulier dans les quartiers.

Lui, depuis Charlie Hebdo, se veut "témoin" et veut souffler à l'oreille de celui prêt à basculer que l'islamisme "s'insinue dans les failles personnelles comme un cancer".





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