Au cœur de la vallée d'Aoste, en Italie, Sébastien Raichon a explosé le record du Tor des Glaciers après avoir remporté la course de 450 kilomètres tout en améliorant le temps record de l'épreuve de près de 10 heures.
123 heures 57 minutes et 18 secondes. C'est le nouveau temps de référence, établi au cœur de la nuit dernière par le coureur français Sébastien Raichon.
C'est peu avant minuit, mercredi soir, que le coureur, qui vit dans le Vaucluse, est passé sous le portique d'arrivée du Tor des glaciers. "Un autre pari réussi", avait-il confié dans la journée précédant son passage de la ligne à nos confrères de la télévision italienne du TGR Rai 3 Aosta.
"Tout au long de la course (partie vendredi 9 septembre de Courmayeur, ndlr), j'ai géré les coups de moins bien. Mais je veux absolument finir fort pour arriver avant minuit et avoir encore un peu de public dans les rues."
10 heures de moins que le double vainqueur de l'épreuve
Le plus beau de tous les paris réussis par le français, c'est assurément celui d'interrompre la série de deux victoires du grand favori de l'épreuve, l'italo-français Luca Papi. Ce dernier, avait établi, en 2019, le record du "Tor 450 kilomètres" à 134 heures 10 minutes et une seconde.
Contrairement à son rival, figure bien connu dans le monde de l'ultra trail, Sébastien Raichon s'est plutôt fait un nom dans le monde du "raid aventure". Il fait partie des géants mondiaux de la discipline : en 2020, il a battu le record de la traversée des Alpes sur le GR5 entre Thonon-les-Bains et Nice en complète autonomie avec pour seuls compagnons de voyage : un sac de 4 kilos sur le dos et 52 cartes géographiques pour trouver son chemin.
"Ce Tor, c'était un fabuleux parcours. Tout ce que j'aime ", confiait-il sur la ligne d'arrivée à nos confrères du quotidien en ligne "Aostasera". "Le wildinism (le nouveau courant qui prône le sport à l’état sauvage), c'est encore plus dur que le Tor des glaciers. Ici, on est accueilli dans les refuges, on nous fait à manger. Mais globalement, ça a été, tout du long, un immense plaisir".
Même pour un "dur au mal" comme Sébastien Raichon, ce Tor des glaciers 2022 aura tenu ses promesses de véritable défi humain, avec dès la première nuit de course, des chutes de neige à affronter ainsi que des passages dans des amas rocheux compliqués. Un avant-goût des difficultés à venir sur les hauts sentiers qui tutoient les 4 sommets de plus de 4000 mètres de la vallée d'Aoste.
Le reste de ce Tor des Glaciers se résume à une longue chevauchée en solitaire du Français.
Impossible, en revanche, pour Luca Papi, de suivre le rythme imposé par Sébastien Raichon. En position d'attente, l'Italien a pu espérer un temps une défaillance du spécialiste du "raid aventure"... Mais sans succès. Il a dû se contenter de faire course commune avec le Sud-Africain Erwee Tiaan, et a finalement passé la ligne d'arrivée aux côtés de son compagnon d'aventure, signant un temps de 133 heures 22 minutes et 28 secondes.
Un sportif pour la planète
Et il est peut-être là justement le petit supplément d'âme qui a manqué aux traileurs "classiques". Sébastien Raichon l'a plus que laissé entendre sur la ligne d'arrivée. Le "raid aventure" pratiqué, comme il l'affectionne, en totale autonomie, lui a non seulement permis de se forger une cuirasse de vainqueur pendant les longues chevauchées en solitaire en haute altitude, mais lui a également donné une éthique.
Ma victoire aujourd'hui montre qu'il est possible que nous, sportifs de haut niveau, on ait un impact environnemental minime.
Sébastien Raichon, vainqueur du Tor des Géants.
Le vainqueur ajoute : "Je ne suis certes pas parfait. Il m'arrive à moi aussi de prendre l'avion pour aller participer à des courses....Mais l'idée que je défends avec le "wildinism", c'est que lorsque l'on a la chance d'évoluer dans une nature pleine de merveille, comme ici en vallée d'Aoste, alors, on a le devoir de tout faire pour la préserver."
Le palmarès des autres trails du Tor des Géants
Dans le Tor des géants 330 kilomètres, c'est le Suisse Jonas Rossi, 8e de l'UTMB fin août à Chamonix qui s'est imposé.
En ce qui concerne le classement féminin, la Britannique Sabrina Verjee est arrivée en 5e position. Dans la nuit de mardi à mercredi, elle avait définitivement dépassé l'Espagnole Silvia Trigueros Garrote, qui avait pourtant remporté 3 fois le Tor.
Enfin, il a fallu aux Valdôtains attendre le Tor 130 kilomètres, dit le "Tot Dret", pour voir triompher le régional de l'étape. Henri Grosjacques du village de Brusson, est arrivé au bout des 130 kilomètres en 22 heures 6 minutes et 31 secondes.