Usine Ascométal au Cheylas (Isère): les salariés pas convaincus par leur nouveau patron

Frank Supplisson, repreneur du spécialiste français des aciers spéciaux, a promis de réindustrialiser le site du Cheylas en créant autant d'emplois qu'il en supprime, c'est-à-dire 78 postes. La CGT doute de ces promesses. 

L'usine du Cheylas, productrice de ressorts, a vu son activité chuter de 50% en 2013, et encore de 30% l'année dernière. Pour Alain Suarez, délégué syndical CGT du site, cette baisse s'explique par la décision de la direction, en 2012, d'abandonner le marché du ressort poids lourds qui représentait la moitié de l'activité de l'usine.

Depuis le 22 mai 2014, c'est Frank Supplisson qui est aux rênes d'Ascometal. L'homme s'était engagé devant le tribunal de commerce de Nanterre et les représentants du personnel à ne licencier personne pendant 24 mois.

Un plan de réindustrialisation qui ne génèrerait qu'"une poignée d'emplois"

Lors du CCE (comité central d'entreprise) du 6 février à Paris, le nouveau patron a présenté son projet de réindustrialisation du site du Cheylas. Sa promesse: créer autant d'emplois (78 postes) qu'il en supprime.

"Notre offre de reprise des actifs d'Ascométal était la seule, parmi les quatorze offres présentées en 2014, à reprendre le site du Cheylas, avec un engagement de la réindustrialiser. C'est ce que nous faisons, avec de nouvelles activités porteuses d'avenir", a confié Frank Supplisson au Dauphiné Libéré.

Les six projets en question:
- une unité reprise par Phenics, filiale du sidérurgiste Winoa
- une plateforme de traitement des laitiers (déchets) d'aciérie, exploitée par Winoa
- une plateforme logistique dédiée à la sidérurgie, exploitée par Géodis, qui représente un investissement de 7 millions d'euros
- une unité de fabrication d'éléments de béton pour le bâtiment, incluant des résidus de bois, avec la société de bois du Dauphiné
- un projet de recyclage de piles et de batteries avec Recupyl, société grenobloise qui s'implante sur site
- un projet avec Sovemat, filiale du groupe Colas, spécialisée dans l'extraction d'agrégats et de matériaux

"Ce ne sont que des projets à long termes (2 ans) de l'aveu de M Supplisson", commente Alain Suarez. "Les six projets ne sont que des plans. Le transfert d'activité des entreprises citées sur le site se feront avec leurs propres personnels et ne créeront qu'une poignée d'emplois".
                                                                                                                                       

Un plan de licenciement de 10.000€ seulement, selon la CGT

Quant au plan de licenciement de 5M€, la majeure partie de cette somme ne représenterait que des "indemnités légales (ICL, congé de reclassement, congés payés ect.) et il ne resterait en extra légal que 10.000€, selon la CGT. Ce plan social est, d'après le syndicat, "encore plus faible que le précédent", mis en place dans de le cadre du redressement judiciaire. A cette occasion, la masse salariale avait été réduite à 78 postes.
                                                                                                                               
"M. Supplisson a sciemment repoussé ce PSE (ndlr: plan de sauvegarde de l'emploi) dont le projet était prêt depuis septembre 2014 (aveu de la direction), afin de ne pas appliquer le plan Allevard (40.000€ extra légal) dont l'accord courait jusqu'a fin 2014", affirmait le syndicat dans un communiqué.

La société Allevard avait rejoint le site du Cheylas en 1996 dans le cadre d'un achat.  

"M. Supplisson va également vendre les centrales hydroélectriques (50M€), non pas pour investir dans le groupe (engagement devant les salariés) mais pour rembourser les crédits engagés lors de la reprise par les fonds d'investissements DK et WARWICK (40M€)", dénonce la CGT. 
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