Après des vacances de Noël catastrophiques pour les stations de sports d'hiver des Alpes, les acteurs du tourisme en montagne s'attendent à des pertes record pour les vacances de février, alors que les réservations s'effondrent.
Des remontées mécaniques fermées, des voyages hors de l'Union européenne interdits, et la crainte d'un reconfinement... à quelques jours du début des vacances d'hiver, les taux de réservation sont au plus bas dans toute la France, et particulièrement dans les Alpes. "Les vacances de février vont être confinées à la maison", prédit ainsi Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage (EDV).
Victime de la crise sanitaire qui la prive de ses remontées mécaniques, la montagne, star des vacances d'hiver, peine à attirer les visiteurs. Dans l'hôtel quatre étoiles des Grandes Rousses, à l'Alpe d'Huez en Isère, la propriétaire Patricia Grelot-Collomb se dit "minée par l'incertitude": "on ne sait pas de combien de salariés on aura besoin, ni combien de clients on aura".
Bien que le gouvernement ait affirmé lundi qu'il n'y avait "à cette date, pas de restriction" pour se rendre dans les stations de ski pendant les vacances scolaires, elle sent une réticence des clients, qui craignent un reconfinement. Ainsi, depuis l'annonce de la fermeture des remontées mécaniques en février, son taux de remplissage est tombé de 45% à 20%.
"15 à 20 milliards d'euros" de pertes annoncées pour le secteur du tourisme en février
Dans la chic station savoyarde de Courchevel, le niveau de réservation est similaire. "90% des hôtels sont fermés" et les commerces ont réalisé "5% de leur chiffre d'affaires habituel", précise Gilles Delaruelle, directeur général de Courchevel Tourisme. "Pour vous donner une image, c'est un peu comme un parc d'attractions fermé", ajoute-t-il.
Face au désespoir des acteurs de la montagne, le gouvernement a, par la voix du secrétaire d'Etat au Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne, annoncé une série de nouveaux dispositifs de soutien financier. Les aides versées par l'Etat au secteur pourraient ainsi atteindre "5, 6, 7 milliards d'euros" -contre 4 milliards aujourd'hui sans ces nouveaux dispositifs- car "l'Etat doit être présent" avec une "réponse massive", a-t-il expliqué.
En temps normal, près de 3 millions de Français font leurs valises lors des vacances de février. Ils seront "certainement moins de 100.000" cette année, selon Jean-Pierre Mas. Conséquence : Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme, estime que le manque à gagner du secteur du tourisme atteindra "15 à 20 milliards d'euros" à la fin du mois de février.