Vaccination au ralenti : l'immunologue Stéphane Paul vous explique pourquoi

Au 31 janvier 2021, 164.000 personnes ont été vaccinées en Auvergne-Rhône-Alpes selon l'Agence Régionale de Santé. Mais actuellement, il y a pénurie de doses, reconnaît le professeur Stéphane Paul. Trop de précipitation ? Quelle efficacité ? L'immunologue au CHU de Saint-Etienne fait le point.

Un tiers des rendez-vous pris en février pour se faire vacciner vont être reportés à Lyon et dans le département du Rhône. Pourquoi ? Parce qu'il n'y aura pas suffisamment de doses disponibles, suite aux difficultés de production des vaccins Pfizer et Moderna. Le professeur Stéphane Paul, immunologue au CHU de Saint-Etienne, est l'un des neuf membres du comité scientifique sur les vaccins Covid-19. Il le reconnaît franchement : "en ce moment, on est effectivement en situation de pénurie".

Les raisons de la pénurie

Selon le Pr. Stéphane Paul, jusqu'ici les livraisons des vaccins Pfizer et Moderna étaient conformes à ce qui était prévu. "Il n'y a pas eu de limitation. On savait dès le début qu'on aurait accès à un nombre restreint de doses", précise l'immunologue. Sauf que cette donnée n'a pas empêché l'ouverture de nombreux centres de vaccination. Trop peut-être compte-tenu des livraisons de vaccins prévues. Et, inévitablement, cela a posé un problème d'approvisionnement. 

Pourquoi la pénurie aujourd'hui ? Le professeur Stéphane Paul tient d'abord à rappeler que jusqu'à la veille, 1er février 2021, seuls deux vaccins étaient autorisés en France. Ensuite, il est bon également de rappeler que "l'on fait face à une pandémie internationale, et donc le besoin en vaccins est très important au niveau mondial". Pfizer et Moderna ont annoncé un fléchissement des livraisons de vaccins, le temps pour l'un de réadapter sa ligne de production, et de régler certaines difficultés pour l'autre. "On fait face à un manque de ces deux vaccins", déclare l'immunologue Stéphane Paul, ajoutant immédiatement cette note d'espoir : "avec l'arrivée de nouveaux vaccins, celui AstraZeneca mais aussi deux autres qui ont montré leur efficacité en phase 3, on espère avoir suffisamment de vaccins différents pour pouvoir accélérer les choses".

Les faiblesses d'AstraZeneca

Après celui de Pfizer et de Moderna, un troisième vaccin Covid-19 est autorisé depuis lundi 1er février. Il s'agit de celui d'AstraZeneca. Un vaccin dont l'efficacité n'est pas établie chez les personnes âgées de plus de 65 ans. "On ne peut pas vraiment dire qu'il est moins efficace, on sait juste qu'il n'a pas été beaucoup testé chez les personnes de plus de 65 ans", explique Stéphane Paul. "C'est à dire que dans les essais de phase 3 du vaccin AstraZeneca, il y a vraiment très très peu de personnes de plus de 65 ans, voire de plus de 75 ans. Donc, en l'absence de données, la précaution est de ne pas les vacciner". 

Production massive, coût plus faible que les autres vaccins.... L'Europe a donc choisi de commander en grande quantité le vaccin AstraZeneca. Mais voilà, l’entreprise anglo-suédoise n'a pu assurer que le quart des livraisons annoncées. "Donc ça va ralentir effectivement la campagne de vaccination si celui-ci est peu accessible". 

"Je pense qu'on y arrivera d'ici la fin de l'été"

Au 31 janvier 2021, 164.000 personnes ont été vaccinées dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. 1.486.000 dans toute la France. À ce rythme, et compte-tenu des retards de livraison, peut-on envisager une immunité collective pour cette année grâce à la vaccination ? Face à cette question, le membre du conseil scientifique sur les vaccins Covid-19 veut garder espoir.
Déjà, l'efficacité des vaccins se voit dans certains pays. "C'est vrai en Israël où l'on voit une inversion de courbe chez les gens vaccinés. On commence aussi à avoir ces données-là en Angleterre et aux Etats-Unis", précise Stéphane Paul.

Les premières indications de l'efficacité vaccinale, dans la vraie vie, semblent évidentes. En France ce n'est pas encore le cas, il y a trop peu de personnes vaccinées pour voir cette influence.

Pr. Stéphane Paul

Maintenant, pour atteindre cette immunité collective grâce à la vaccination, tout va dépendre de la disponibilité des vaccins. "D' AstraZeneca, mais aussi du vaccin Janssen qui vient de montrer son efficacité, y compris après une seule dose, et puis d'autres encore". L'objectif est atteignable si les doses commandées par l'Europe sont effectivement livrées. "Je pense qu'on n'y arrivera d'ici la fin de l'été", estime l'immunologue. 

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