Visite surprise du Président de la République et du ministre de l'intérieur Manuel Valls hier soir à Echirolles. Ils ont rendu visite aux familles des victimes de la rixe mortelle, Sofiane et Kevin.
La venue surprise lundi soir de François Hollande et Manuel Valls à Echirolles, théâtre d'une rixe qui a coûté la vie à deux jeunes de 21 ans vendredi, a été appréciée par les habitants qui pour certains réclament ardemment "la sécurité". "Ces deux-là, il ne faut pas qu'ils soient morts pour rien", a lancé une habitante au président, interloqué lorsqu'elle a ajouté : Grenoble ou Echirolles, "c'est devenu le Texas" (Voir reportage en images du Parisien.fr)
"C'est ce que je suis venu leur apporter : sécurité, justice et réussite", lui a répondu M. Hollande, entouré de nombreux policiers, d'une nuée de caméras et de quelque 300 habitants qui l'ont applaudi. Accoudés aux rambardes des balcons et d'un parking, la plupart ont accueilli favorablement la visite présidentielle, comme Rodolphe Seis qui estime que "sa démarche est appréciable, ça montre que le problème est grave". "J'attends beaucoup de l'après, quand tout le monde sera parti", précise ce trentenaire.
La visite présidentielle rappelle un douloureux souvenir, lorsqu'il y a deux ans,le quartier de la Villeneuve, à cheval sur cette cité d'Echirolles et sur Grenoble,avait connu trois nuits de violents affrontements après la mort d'un jeune habitant,tué lors d'un échange de tirs avec la police alors qu'il venait de braquer un casino. Ces heurts avaient été suivis du discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, promettant une "guerre nationale" contre les "voyous".
M. Hollande a assuré aux familles que "tout" était "fait pour retrouver les auteurs de ces crimes odieux". "Une fois appréhendés, ils seront traduits devant la justice pour recevoir la condamnation qu'ils méritent", a-t-il ajouté.
"Il faut que ca change "
Trois amis des victimes du week-end dernier, Faycal, Kamel et Yanis, en jogging au pied du domicile où se sont rendus le président et le ministre de l'Intérieur,sont virulents : "il faut que ça change, que justice soit faite, que les auteurs soient punis sévèrement".
Fred, un assistant marketing de 29 ans habitant le quartier, s'en félicite : "la visite du président est une signal fort pour la famille, ça veut dire que l'Etat ne laisse pas de côté" les familles et qu'il "a mis tous les moyens pour retrouver" les coupables.
La venue trois jours après du président a surpris, d'autant qu'elle n'avait pas été annoncée officiellement. Mais les habitants rejettent la comparaison avec l'ancien président Nicolas Sarkozy, prompt à se rendre sur les lieux des drames.
Bia Azzouz, une auxiliaire de vie de 45 ans, ne "pense pas que ce soit de la récupération,c'est pas comme s'il y avait des élections bientôt". "Il y a trop de douleur et de souffrance pour qu'il soit venu se faire de la publicité", juge cette femme venue rendre hommage à Sofiane et Kevin.
Cyril Vincent, voisin de Sofiane et organisateur de la marche qui aura lieu mardi à Echirolles, a interpellé le président en lui lançant : "Nous sommes des Français normaux, on veut vivre"."On veut juste que les familles soient soutenues", a-t-il affirmé, en décrivant un "quartier sympa".