Des milliers de personnes vêtues de blanc ont participé mardi soir à une marche blanche à la mémoire de Kevin et Sofiane, à la Villeneuve, pour dire "non à la violence".
Vêtues de blanc, 10 000 personnes ont participé à la marche blanche organisée pour un ultime hommage à Kevin et Sofiane et pour exprimer leur refus de la violence.
Brandissant une pancarte "Kevin et Sofiane, Non à la violence", Aymen Keff marchait l'air sombre. "C'était mes potes, c'était des exemples", s'est-il exclamé, évoquant le fait que Kevin était étudiant et Sofiane éducateur, dans ce quartier marqué par une forte inactivité des jeunes.
Tenant des ballons, des roses ou des fleurs blanches, cette marée humaine, dans laquelle nombre de jeunes, a afflué aux abords du lycée Marie Curie d'Echirolles, où avaient été scolarisées les victimes. Massés derrière de grands portraits des deux jeunes tués et d'une banderole sur laquelle étaient inscrits leurs prénoms, les participants ont commencé à défiler en silence en direction du parc où s'est produit le drame, à quelque 2,5 km de là.
"Ecoutez vos parents"
En tête de cortège marchaient dignement les parents de Sofiane et la mère de Kevin, tandis que des pancartes rédigées par leurs soins proclamaient : "soyez respectueux et prudents, écoutez vos parents, évitez les problèmes, rien ne vaut la vie et la famille". Au même moment, un lâcher de colombes a été salué par les applaudissements de la foule.Certains jeunes avaient revêtu un T-shirt imprimé du visage souriant des deux victimes et assurant : "moi je veux plus jamais vivre ça". Parmi la foule, Theodora Beckley et sa soeur, Alexandra, deux étudiantes de 23 et 25 ans, disent être venues de la banlieue de Grenoble par "solidarité"."Nous sommes là pour dénoncer cet acte tragique. Ces jeunes ont le même âge que nos petits frères, ça aurait pu être eux. En 2012 on peut se faire tuer à coups de marteau, c'est fou, il faut que ça s'arrête".
"On se sent concernés, cet acte est purement gratuit, ces jeunes ne demandaient rien à personne, cette sauvagerie est inacceptable et il est important d'être ici pour montrer à la famille qu'on est avec elle", a déclaré de son côté Carole Pelloux-Gervais,50 ans, employée administrative à Grenoble.Massés sur les trottoirs, tout au long du parcours, de nombreux passants applaudissaient au passage du cortège, tandis que des habitants, à leur fenêtre, observaient la foule respectueusement. "J'avais jamais vu autant de monde", a noté Karim Meriah, un père de famille venu avec son jeune fils. Venue avec ses trois enfants, Zineb Meriche, 40 ans, qui a grandi à la Villeneuve,se dit "choquée par ce qui s'est passé". "A mon époque c'était pas comme ça, ça a beaucoup changé ! Dans les années 70,c'était multiracial, aujourd'hui, on parque là-bas tous ceux qui ont des problèmes et à la fin on s'entretue", lâche-t-elle, amère.