Les associations de Genève s'organisent pour assurer des distributions alimentaires face à des bénéficiaires de plus en plus nombreux. La crise du Covid-19 a fait basculer de nombreux travailleurs dans la pauvreté.
En proie à un fort regain de l'épidémie de Covid-19, Genève voit une autre vague déferler, celle des demandes d'aide alimentaire. Le canton le plus touché de Suisse par la crise sanitaire a placé son demi-million d'habitants sous le régime du semi-confinement, mettant de nombreux travailleurs mis en chômage partiel. Les mêmes qui se retrouvent devant un théâtre de la ville, réquisitionné pour distribuer des denrées alimentaires.
Quelque 2 200 colis remplis de nourriture y ont été écoulés en quelques heures, mercredi 18 novembre. Dans la troisième ville la plus chère du monde, la misère s'organise. Car en mars dernier, Genève avait été véritablement débordée, la ville et le canton pris de cours par les demandes d'aide alimentaire. Charlemagne Hernandez, que tout le monde appelle Charlie, fait partie des activistes de la première heure.
"On était tout de suite dans la rue, on essayait de se cacher parce que c'était interdit de distribuer à plus de cinq personnes en même temps. On distribuait en cachette et on disparaissait assez vite", raconte le président de l'association Caravane de solidarité.
"Ca fait peur"
De nouveau, les points de distribution de colis alimentaires sont pris d'assaut. Les files d'attente ne désemplissent pas, atteignant jusqu'à 1 kilomètre devant une patinoire réquisitionnée par les autorités. Des images largement relayées dans les médias, dignes d'une crise humanitaire.
Genève a alloué 5 millions de francs suisse (4,6 millions d'euros) à ce que l'on appelle désormais la crise. Les associations ont œuvré ensemble et voient désormais arriver un autre public, de plus en plus nombreux. "C'est pas la même vague, ce ne sont pas forcément les mêmes gens. Ils ont appris, eux aussi, à se débrouiller. La plupart sont des travailleurs pauvres", note Charlemagne Hernandez.
Des travailleurs pauvres, des petites mains de la restauration sans travail, ni contrat, une population beaucoup plus ciblée. "Ca fait peur des fois quand on voit la queue qui se trouve à l'extérieur. Ca fait peur, répète Sébastien Descourtis, un bénévole. C'est un peu bouleversant. Plus ça va, plus ça avance et plus on se dit que ça approche pour d'autres personnes. C'est un engrenage, un cercle vicieux." Dehors, la file s'agrandit tandis que dedans, les bénévoles s'activent. Pour certains, ils ont retrouvé du sens dans une vie complètement chamboulée.