Violences sexuelles dans le sport : l'ancienne skieuse Claudine Emonet accuse son entraîneur de l'époque d'agressions

La libération de la paroles des victimes de violences sexuelles dans le sport s'est propagée au monde du ski. Le plus grand défi pour les victimes : briser l'omertà et faire bouger les consciences, pour que ces actes ne se reproduisent plus.

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Après le patinage, après l'escalade, c'est au tour du ski d'allonger la liste des domaines sportifs contaminés par des cas violences sexuelles. Les révélations de la patineuse Sarah Abitbol, qui accuse son ancien entraîneur de l'avoir violé alors qu'elle n'avait que 15 ans, ont ouvert une brèche dans le monde du sport.

Son témoignage a notamment encouragé l'ancienne skieuse Claudine Emonet à dénoncer des cas de harcèlement dans le milieu compétitif. Dans un post Facebook, elle a décidé de témoigner contre son ancien entraîneur, qu'elle accuse d'agressions sexuelles. Sur elle, mais aussi sur "plusieurs de mes coéquipières". Des faits qui se seraient déroulés à cheval sur les décennies 1970 et 1980. 
 


"J’étais tout juste majeure au moment de ces agressions, mais certaines les ont subies alors qu’elles étaient encore mineures", écrit-elle. Cet homme s'est selon elle comporté "comme un gourou manipulateur, abusant de son pouvoir, de son emprise, agressant, harcelant, menaçant, et enfin, brimant et maltraitant psychologiquement lorsque ses assauts étaient repoussés".
 

"Nous, les victimes, on prend pour perpète, et pour lui tout va bien"


Des agressions répétées, qui ont pu avoir des répercussions psychologiques lourdes sur Claudine Emonet et ses jeunes coéquipières de l'époque. L'ancienne skieuse a choisi de ne pas s'exprimer devant nos caméras, mais a accordé un entretien au Parisien (article réservé aux abonnés).

"Il m'a pourri ma vie. Nous, les victimes, on en prend pour perpète, on souffre, et pour lui, pour eux, les mecs (les agresseurs), tout va bien", s'indigne-t-elle dans le quotidien. Elle choisit par ailleurs de ne pas nommer son agresseur, par peur d'un procès en diffamation.

Claudine Emonet précise que "les paroles fortes de Jean-Claude Killy " l'ont encouragée à rompre le silence. "Le harcèlement sexuel dans le sport, c'est pire que le dopage", disait-il ainsi en 2018 au Figaro.

Il qualifiait alors ces actes de "phénomène très répandu" et "sur lequel tout le monde ferme les yeux", dénonçant "des autorités indignes qui brisent [les] carrière et [les] rêves" des jeunes. En tant qu'ancien skieur alpin, investi dans plusieurs associations de ski, Jean-Claude Killy et ses déclarations avaient déjà de quoi interroger.
 

Enfin une réaction des institutions


Aujourd'hui, Claudine Emonet dit vouloir aider les victimes "à porter ce fardeau. C'est un énorme fléau. Le monde du ski doit se rendre compte que ce problème existe, qu'il n'est pas épargné", continue-t-elle dans Le Parisien.

De son côté, le président de la Fédération française de ski Michel Vion a affirmé, toujours au Parisien, avoir découvert l'affaire "en lisant le témoignage". "Les faits, inadmissibles, se sont déroulés il y a plus de 40 ans, poursuit le président de la FFS. Mais ne nous réfugions pas derrière la prescription. Il est important que la parole se libère".
 
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