Le 6 juin 1944, ils étaient en Normandie, des deux côtés de la ligne de front. Soixante douze ans plus tard, ils témoignent. Voici quatre portraits de vétérans de la seconde guerre mondiale pour les quatre volets du feuilleton de cette semaine
2016 sera l'année du 72ème anniversaire du débarquement. En amont des commémorations qui auront lieu dans les villes et villages de la région, nous vous proposons cette semaine des témoignages de ceux qui ont participé à la libération de la France et de l'Europe.
Une série proposée par Thierry Cléon, Charles Bézard, Fabrice Uguen, Sylvie Drouin, Marc Michel et Bastien Odolant
Léon Gautier, vétéran français du commando Kieffer
Ces hommes du jour J sont arrivés par les plages de Normandie le 6 juin 1944... c'était le cas de Léon Gautier. A 93 ans il fait partie des derniers survivants des 177 français du commando Kieffer qui ont débarqué sur le secteur de Sword, la plage de Ouistreham...Léon Gautier n'avait pas encore 17 ans quand il s'est engagé, il a rejoint Londres le 13 juin 1940 et les commando en juin 1943. Il se souvient de Kieffer disant aux soldats avant le départ " Il n'y en a peut être pas dix d'entre vous qui reviendront intacts, celui qui ne veut pas patrtir, qu'il vienne me voir, je ne lui en voudrai pas." Léon ajoute avec émotion :"tout le monde est parti". A la fin de la campagne, sur les 177 soldats des commandos Kieffer, seuls 24 s'en sont sortis sans blessure.
©France 3 Normandie Caen
Léon Gautier, Vétéran du commando Kieffer, Débarqué le 6 juin 1944 sur le secteur Sword beach
Gérard Médaisko, vétéran canadien du régiment de la Chaudière
Gérard Médaisko n'avait jusqu'à présent jamais témoigné. Il a fait partie d'un contingent canadien qui a débarqué le 6 juin 1944 sur la plage de Bernieres sur Mer dans le secteur de Juno Beach.Il avait à l'époque 20 ans et était agent de liaison au sein du régiment canadien de la Chaudière. La veille du débarquement nous dit-il, "Il y avait un espèce de haut parleur grésillant qui disait que nos chances d'en réchapper étaient minimes et il fallait s'attendre à des pertes de 60 à 80%"...
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Gérard Médaisko, Vétéran du régiment canadien de la Chaudière, débarqué à Bernières sur Mer le 6 juin 1944 secteur Juno Beach
Johannes Börner, vétéran parachutiste allemand
Johannes Börner est né le 5 juillet 1925, il avait 18 ans en juin 1944. Caporal chez les parachutistes allemands, il a été appelé avec sa compagnie sur le front de Normandie pour repousser les alliés à la mer. Pour lui et les 120 soldats qui l'accompagnent, le débarquement commence le 6 juin par une marche à pied depuis Landernau, dans le Finistère, où il est cantonné, à Saint-Lô, dans la Manche. Johannes et les 120 soldats qui l'accompagnent, viennent en renfort à la Werhmacht qui ne peut pas tenir le front seule. Cette longue marche de trois cent cinquante kilomètres se fera essentiellement la nuit pour échapper aux bombardements aériens. Ses souvenirs de la poche de Chambois l'on marqué pour la vie. Trois jours terribles de faim, de fatigue et de combats où Polonais, Canadiens, Américains et Français s'affrontent."On cherchait même la nourriture dans les poches des cadavres. Il fallait bien le faire pour survivre. (...) Quand vous voyez tous ces cadavres...des jambes arrachées, des têtes qui roulaient...Encore maintenant dans ma tête, je le vois encore"
En 1948, à sa libération, il s'entend dire "Maintenant, vous êtes démocrates.", il ne comprend pas l'intimation : "Moi je me suis dit mais qu'est-ce qu'il raconte ? Je ne savais pas ce que c'était qu'un démocrate !"
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Johannes Börner, parachutiste
Edouard Podyma, vétéran franco polonais
Débarqué sur les plages de Normandie en Août 1944 avec la 1ère division blindée polonaise, le caporal Edouard Podyma a notamment contribué à la libération de la France et de l'Europe. Les polonais ont été longtemps laissés dans l'ombre des nations sorties victorieuses de ce conflit.Edouard Podyma avait 22 ans quand il a débarqué le 1er août 1944 à Graye-sur-Mer avec la première division blindée polonaise. Les polonais devaient orienter les tirs de l'artillerie des canadiens et à ce titre, ils se sont trouvés en première ligne face aux allemands dans la plaine sud de Caen. "Les soldats polonais ont été, un peu... engagés mal à propos disons, puisqu'on les a balancés dans la plaine. Les Allemands n'avaient qu'à attendre. Alors, ils ont attendus et ils nous ont fauchés". Quarante chars Sherman ont été ainsi perdus le premier jour de confrontation.
Le 19 août et suivants, Edouard Podyma s'est battu dans la poche de Chambois, une bataille où les Polonais se sont illustrés. A court d'eau et surtout de munitions, Edouard a vécu les combats à la baïonnette et a failli en mourir.
En 1945, il est encore en Allemagne, et le jour de la capitulation est une énorme déception pour lui car le rideau de fer, qui s'abat subitement, l'empêchera d'aller défiler à Varsovie...
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Edouard Podyma, vétéran franco-polonais de la 1ère division blindée polonaise