Seconde guerre mondiale : les civils témoignent de leur vie quotidienne

Françoise, Henri, Charlotte étaient enfants ou adolescents en 1944 et ils ont vécu la guerre, en Normandie. Ils revivent tous cette période avec une très vive émotion, soixante douze ans après les faits. Retrouvez les témoignages de civils pris dans la guerre.

Falaise a inauguré en 2016 le premier musée consacré à la vie et au destin des populations civiles pendant la seconde guerre mondiale. Nous proposons les témoignages de quatre personnes ayant vécu l'occupation et la libération dans la région.

On le sait peu mais les chiffres en attestent : la seconde guerre mondiale a tué plus de civils que de militaires. Sur les 55 millions de morts de la seconde guerre mondiale, 30 millions étaient des civils. Le musée Mémorial inauguré le 8 mai prochain leur rendra hommage en mettant en lumière la vie quotidienne des populations civiles pendant cette période. 
A l'occasion de l'ouverture du Musée, nous proposons cette semaine les témoignages de deux hommes et deux femmes qui ont vécu l'année 1944 en Normandie. Ils étaient alors enfants ou adolescents et revivent tous cette période avec une très vive émotion, soixante douze ans après les faits. 

Une série de quatre reportages proposée par Thierry Cléon, Cyril Duponchel, François Brillet, Sylvie Drouin, Marc Michel et Bastien Odolant
 

Françoise Kedziora

Françoise Kedziora a 7 ans le 6 juin 1944 et vit avec ses parents à Ussy, dans le Calvados. Pendant l'occupation, une dizaine d'allemands s'insatallent quelques mois dans sa maison, il faut les nourrir et cohabiter ; la vie quotidienne est pesante pour une petite fille. A la fin de la guerre, pendant le débarquement, elle soufre de la violence et du bruit des bombardements. Puis il faudra cacher la vaisselle et le linge sous la terre dans le jardin avant de quitter la maison pour évacuer le village devenu très dangereux...

Le pire pour moi c'était à Fourches. Je me souviens que c'était les hommes qui allaient chercher le pain... mes deux cousins ont été blessés, ça sifflait de tous les côtés là-bas
Françoise Kedziora

©France 3 Normandie
 



Henri Halluin

Henri Halluin est agé de 19 ans le jour J, il vit à Colombelles, dans le Calvados, mais est ce jour-là réquisitionné à Langrune-sur-mer sur un chantier de construction de blokhaus. En voyant les centaines de bateaux s'approcher des côtes, il prend peur et se réfugie à Caen. Le 24 juin, alors qu'il traverse la ville, particulièrement calme, avec plusieurs membres de sa famille, deux salves de bombardements aériens les surprennent et emportent soudainement son oncle, sa cousine et sa fiancée qui marchaient à ses côtés. Depuis ce jour, il ne se passe pas une semaine sans qu'Henri Halluin ne revive ce moment tragique.
Le 12 juillet 44, contraint d'évacuer, il se retrouve encerclé dans la poche de Chambois, reclus dans une petite ferme pendant huit jours, sans nourriture. La sortie est épouvantable, les routes et champs alentours étant jonchés de corps déchiquetés, humains et animaux mêlés, dans une odeur infecte. Et un soldat s'est approché : 

...c'était un soldat polonais. Il ne parlait pas français du reste. Tout le monde l'a embrassé, on s'est tous embrassés et puis voilà, c'était la libération. Mais on n'avait plus aucune réaction, on était dans un état épouvantable
Henri Halluin
 

©France 3 Normandie



Charlotte Fletcher

Née en septembre 1926 à Saint laurent de Condel, Charlotte est adolescente pendant l'occupation. Ces années de guerre sont remplies de peurs et de terreur permanentes. Pendant le débarquement confie-t-elle, "Il y a des gens qui étaient des héros, qui pensaient aux autres avant de penser à eux. Moi, je n'étais pas de ceux-là, moi j'avais très peur, j'étais habitée par la peur".
Et elle témoigne pour les réfugiés de notre siècle : 

On ne peut pas rester sous les bombes, on ne peut pas. C'est pourquoi les réfugiés, les gens que l'on voit maintenant qui fuient la guerre, il faut savoir ce que c'est, on ne peut pas rester dans la guerre
Charlotte Fletcher
 

©France 3 Normandie



Henri Levaufre

Henri Levaufre est né dans la Manche en 1931. Le 6 juin 1944, il a treize ans. Il vit le débarquement comme une grande aventure qui a changé sa vie et celle de sa famille. Il voit des copains, un oncle, les cinq institeurs du village et son prof mourir. Il fuit sur les routes avec sa famille, ne se déplaçant que les jours de pluie, les seuls jours où il n'y a pas de bombardements aériens... Libéré le 30 juillet près de Coutances, au contact des soldats, il prend conscience du dénuement de sa famille. Ils ne possèdent plus rien. C'est dans ces circonstances qu'il découvre réellement ses parents.
 

On se trouve dans des circonstances telles qu'il n'y a plus le choix, ou vous êtes nul ou vous êtes brave
Henri Levaufre
 

 
©France 3 Normandie

 

 

Le Mémorial des civils dans la guerre sera inauguré le 8 mai 2016 à Falaise (Calvados)

retrouvez toutes les infos pratiques et l'actualité du musée sur la page Facebook du musée.

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