Le Front National a 40 ans et peine toujours en Bretagne

Le FN a été créé en 1972, l'occasion de faire le point sur son implantation en Bretagne. Certes, le vote Front national a progressé lors des dernières élections. Mais il reste très en deçà de son niveau national.

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Lors de l'élection présidentielle,pour la 1ère fois la candidate du FN, Marine Le Pen, est arrivée en 3ème position dans la région, avec un score de 13,24 %. Sans atteindre son résultat national, Marine Le Pen a multiplié presque par deux le score son père il y a cinq ans et a fait mieux que François Bayrou, le candidat centriste, dont les idées avaient toujours reçu un bon écho en Bretagne.

Le vote Front National est encore en Bretagne très inférieur à la moyenne hexagonale. Mais élection après élection il augmente. Sociologues et spécialistes de la politique, ont l'habitude de dire que l’influence du catholicisme social et le faible niveau d’industrialisation de la Bretagne font barrage au vote FN.

Les scores du FN restent très en deça de ceux que l'on trouve au niveau national, mais jusqu'à quand?

Pour Fabien Lecuyer, membre de la rédaction de 7Seizh.info, le faible niveau d’industrialisation de la Bretagne explique aussi le niveau d'implantation du FN dans la région : "La Bretagne n’a pratiquement pas d’industrie lourde et donc à moins été touchée par la fameuse désindustrialisation (...) Par contre, ajoute-il, le plus gros employeur privé de Bretagne s’appelle PSA, c’est à dire l’immense usine de la Janaie prêt de Rennes. Or PSA fermera cette usine. Non pas demain ni peut-être après-demain mais les syndicats locaux ne se font pas d’illusion, la Janais fermera un jour. 9500 salariés, des milliers d’emplois en sous-traitance. (...) Et la DCN à Lorient et Brest?

Il pense aussi que l’absence de "points de fixation" frontistes explique le niveau du vote FN en Bretagne : "la Bretagne a, pour l’instant, évitée le couplage : "banlieue en déclassement social/forte population immigrée". En Bretagne, il y a des quartiers affichant cette configuration, mais a de très rares exceptions, il n’y a pas de villes entières pouvant constituer de futurs fiefs frontistes (phénomène "Vitrolles" -Banlieue de Marseille- à une époque, phénomène "Hénin-Beaumont" -banlieue de Lens- aujourd’hui). Ceci implique que le vote FN qui peut être fort important dans certains quartiers en déclassement social est "noyé" dans le vote global de la métropole".

Le vote FN breton surtout en zone rurale et pauvre

Le journaliste relève également que la pauvreté, dans la région est avant tout rurale. Selon l’INSEE, note Fabien Lecuyer, la commune bretonne où le revenu moyen est le plus faible, est Maël-Pestivien (22). Score de Marine Le Pen ce 22 avril : 24,46 % (2ème place). Brignac (56) (9ème commune), Marine le Pen : 17,27 %; Loquefret (2è ville la plus pauvre du Finistère) : Marine Le Pen : 16,80%; Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec (4ème du Finistère) : Marine Le Pen : 16,35 %. "En Morbihan, ajoute-il, des communes du Pourlet, autour de grosses entreprises ayant fait récemment faillite votent aussi largement Le Pen : Pleugriffet : 27,5%, Persquen : 20,10%, etc… Dans les communes pauvres traditionnellement "rouges", notamment dans le centre, centre-Ouest Bretagne, l’implantation communiste "contient" le vote Le Pen, mais ailleurs il y a une corrélation évidente entre pauvreté et vote Marine Le Pen".

Des "incompétents" au pouvoir

Enfin, il explique le niveau du vote FN en Bretagne par l'incompétence dans la région de l'appareil politique frontiste : "Si le Front National a réussi de telles implantations dans le Nord et le Sud de la France c’est aussi parce qu’il comptait un appareil politique performant et de fortes personnalités locales (...) En Bretagne, ce n’est pas Jean-Paul Félix, Cédric Abdilla, Brigitte Neveux ou Gauthier Bouchet et ses combats de Pokémon qui peuvent représenter une menace quelconque pour les barons locaux du PS ou de l’UMP." 

A lire aussi:
- Libération revisite l'histoire du Front National à travers ses Unes.
- Une carte éditée par Rue 89 au printemps dernier, confirmait la difficulté du parti de Jean-Marie Le Pen à faire de bon scores dans la région, mais cétait avant les dernières élections. 


PARIS (Sipa) — Voici quelques dates dans l'histoire du Front national, créé en 1972:

- 5 octobre 1972: création du Front national, dont Jean-Marie Le Pen prend la tête
- 11 septembre 1983: fort de ses 16,72% au premier tour des municipales à Dreux (Eure-et-Loir), Jean-Pierre Stirbois (FN) contraint le RPR à faire alliance pour qu'il gagne la mairie. Un coup de fouet donné au mouvement de Le Pen
- 2 avril 1986: le FN et Jean-Marie Le Pen entrent à l'Assemblée nationale avec 35 députés à l'issue de la première élection au scrutin proportionnel
- 13 septembre 1987: invité de RTL, Jean-Marie Le Pen déclare que les chambres à gaz sont "un point de détail de l'histoire de la Seconde guerre mondiale"
- 24 avril 1988: Jean-Marie Le Pen réalise 14,38% au premier tour de l'élection présidentielle et s'impose comme la figure centrale de l'extrême droite française
- décembre 1998: scission au sein du parti d'extrême droite. Bruno Mégret et de nombreux cadres quittent le FN et fondent le Mouvement national républicain (MNR)
- 21 avril 2002: avec un score de 16,86%, Le Pen crée la surprise en se qualifiant pour le second tour de la présidentielle. Il sera battu au second tour par Jacques Chirac, recueillant 17,79% des suffrages
- 16 janvier 2011: au congrès de Tours, Marine Le Pen succède à son père à la tête du parti. Elue par une majorité des adhérents, elle devance Bruno Gollnisch, éternel dauphin de son père
- 22 avril 2012: Marine Le Pen recueille 17,9% des voix au premier tour de la présidentielle, soit plus de 6,4 millions de voix, un score historique pour le FN. Le parti fait également son retour au Palais Bourbon avec deux députés, dont Marion Maréchal-Le Pen, petite-fille du "Menhir".

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