Procès du naufrage du Sokalique à Brest : l'armateur Turc à la barre

L'armateur de l'Ocean Jasper, le cargo turc entré en collision avec le Sokalique en 2007 au large du Finistère, a assuré devant le tribunal correctionnel de Brest que le capitaine de son navire lui avait dans un premier temps "caché l'accident".

L'armateur dit ne pas avoir été informé de l'accident

Le tribunal avait tenté de rétablir dans la matinée la chronologie des événements ayant précédé la collision face aux incohérences du matelot à la barre du caseyeur, a ensuite interrogé Mehmet Gomuc, représentant la société Onurhan Denizcilik qui affrétait le navire immatriculé aux îles Kiribati.
Le drame, survenu dans la nuit du 16 au 17 août 2007, avait provoqué la mort du patron du bateau de pêche breton de 19,5 m, Bernard Jobard.
L'armateur de l'Ocean Jasper a été mis en examen, en tant que personne morale, pour homicide involontaire, délit de fuite et omission de porter secours à personne en péril, tout comme le capitaine du cargo et son second, absents au procès. Depuis 2011, ils sont sous le coup d'un mandat d'arrêt international.
Aidé d'un traducteur, Mehmet Gomuc explique à la barre qu'il n'a pas été informé par le capitaine azerbaïdjanais Rafik Agaev, immédiatement après la collision, de ce qui s'est passé. "Il m'a caché l'accident", dit-il. "Il avait peut-être bu", avance M. Gomuc, cheveux courts coupés en brosse. "Si j'avais vu des photos de l'impact je me serais rendu compte de la gravité des choses", se justifie-t-il encore. "J'ai essayé de gérer la situation au mieux, mais j'étais sous le choc". "Vous avez essayé de gérer au mieux vos intérêts!", enchaîne le président du tribunal Xavier Jublin.

Les incohérences du matelot à la barre

La collision s'est produite à 60 milles nautiques (110 km) au nord de l'île d'Ouessant, dans les eaux internationales, alors que les conditions météo sont bonnes. M. Jobard, resté à la barre jusqu'au dernier moment pour alerter les secours, périt noyé, tandis que les six autres marins sont secourus. Le vraquier poursuit sa route, tout en constatant un trou de 60 par 40 cm à tribord, trou que les matelots s'empressent de réparer. Dans la matinée, le tribunal a relevé les incohérences, contradictions et oublis de Frédéric Olier, à la barre du Sokalique lors du drame.
Il est entendu en tant que témoin principal. Face à lui, le président Jublin doit parfois hausser le ton. Souvent, il doit répéter ses questions et les reformuler.
"Je ne savais pas trop où on allait", lui répond M. Olier, 31 ans à l'époque, interrogé sur le cap que suivait le navire. "Je n'ai jamais entendu parler de cette alarme", répond-il encore, questionné sur la présence du système anti-collision à bord du caseyeur et dont les autres marins ont reconnu l'utilisation habituelle. Un brouhaha s'élève. Yvette Jobard, veuve du marin mort, semble s'offusquer. "C'est l'Ocean Jasper qui a fait une manoeuvre pour nous percuter", assure encore M. Olier. Le président lui fait remarquer que c'est la première fois qu'il émet une telle assertion et note qu'il a été montré que le cargo n'avait pas modifié son cap. La parole est ensuite aux avocats. "Etes-vous dans votre état normal aujourd'hui", demande Me Vincent Le Luyer, avocat des autres marins du caseyeur. "Oui", répond M. Olier. "Vous êtes le même aujourd'hui que lorsque vous étiez à la barre du Sokalique ?!", interroge encore l'avocat. "Oui", entend-on dans un souffle. "Est-ce que, M. Olier, sans vous accabler, vous n'étiez pas incompétent, d'une incompétence notoire, pour piloter ce navire?", demande à son tour Me Bertrand Labat, conseil de M. Gomuc. La réponse n'est pas claire.

Le réquisitoire et les plaidoieries sont prévu ce jeudi.
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