La nuit tombe sur le bocage de Notre-Dame-des-Landes. Satisfaits de la mobilisation, certains des quelques 30 000 manifestants rejoingnent qui la région parisisienne, qui la Normandie. D'autres restent pour un concert. D'autres enfin vont occuper les lieux.
Le cortège entre le bourg de Notre-Dame-des-Landes et le bourg a atteint 5 kilomètres ce samedi après-midi. Une date qui rentrera dans l'histoire de la contestation contre ce projet d'aéroport depuis 10 ans. Dans une athmosphère bon enfant et tout au long de l'après-midi, les manifestant ont savouré la mobilisation: 13 500 personnes selon les autorités (on en attendait 10 000), et 30 000, voire 40 000, l'Acipa, l'un des principaux organisateurs.
Impressionnant, le nombre de tracteurs, de vans et de remorques transportant des matériaux de construction: planches, cloisons de bois, qui serviront à la réoccupation des terrains. Car c'est aussi l'objet de cette manifestation: suite aux récentes expulsions, réoccuper le bocage dans des logements éphémères (chapiteaux, maisons de bois, tentes) et retarder au maximum le démarrage du chantier.
Derrière une grande banderole: "Contre l'aéroport et son monde seule la lutte décolle", les manifestants ont gagné une zone boisée dans laquelle ils ont édifié un chapiteau censé abriter les opposants, expulsés le mois dernier par les forces de l'ordre. La préfecture a répété que ces constructions avaient "vocation à disparaître".
Une nouvelle tournure politique
Vendredi, François Hollande a mis en garde les opposants au projet. "Je respecte le droit de manifestation" et "je fais en sorte que tous les recours puissent être traités par une justice indépendante", a déclaré le président. "Mais, en même temps, a-t-il ajouté, il y a aussi la force du droit et la primauté de la volonté, non seulement de l'Etat mais aussi des élus, et au-delà même des alternances politiques". En s'impliquant dans ce dossier, il lui a également fait prendre une nouvelle dimension politique.
Sur place, des personnalistés comme José Bové ou Jean-Luc Mélenchon étaient présentes, une délégation d'élus écologistes comme ils l'avaient fait il y a quelques jours.
Prenant le relais, Harlem Désir, premier secrétaire du PS, a affirmé samedi qu'un "parti de la majorité gouvernementale ne devrait pas s'impliquer dans des manifestations qui prennent pour cible le Premier ministre", à propos de l'opposition au projet des écologistes d'EELV, pourtant membres de l'exécutif.
En réponse, le secrétaire national d'Europe-Ecologie Les Verts, Pascal Durand, a assuré dans le cortège que "nous ne manifestons pas contre le Premier ministre ni le gouvernement, c'est le contraire". "Nous manifestons pour que le gouvernement respecte les engagements de changement qu'il a pris devant les Français et les Françaises".