Depuis la manifestation de samedi, les "irréductibles" du bocage ont déjà reconstruit un immense "lieu de vie", fait de constructions collectives, de barricades et de tranchées.
"C'était bien qu'ils nous expulsent, ça a resserré les liens entre les différents opposants : tout ce qui a été détruit a été refait... en double", se félicite Jérôme, un militant anti-aéroport installé depuis plus de trois ans sur la Zad, la zone d'aménagement différée réservée au futur aéroport. De quelque 150 "zadistes" qui habitaient déjà début octobre l'"un des plus grands squats à ciel ouvert d'Europe" selon leurs propres termes, les effectifs ont bondi à au moins 500 à la suite de la mobilisation qui rassemblé le 17 novembre sur place entre 13.000 (préfecture) et 40.000 personnes (organisateurs), venues de toute la France. Le long des routes, plus d'une centaine de véhicules de toutes sortes cohabitent : caravanes ou cars habitables, utilitaires d'entrepreneurs, voitures individuelles redécorées de motifs de lutte anti-nucléaire ou capitaliste, ou petites voitures de ville propres. Dans plusieurs champs, des campements de tentes, dont certains en comptent plusieurs dizaines.
Plus d'une dizaine de barricades
Dans les chantiers où résonnent les coups de marteaux, on entend aussi des visseuses électriques et un groupe électrogène tourne. Aux commandes, visiblement, des "vrais" entrepreneurs du bâtiment. "Oui, certains ont pris deux semaines de vacances pour venir nous aider", reconnaît Michel Tarin, figure historique de la lutte. On pouvait dénombrer au moins autant de cabanes dans les arbres qu'avant, avec également une nouvelle maison sur deux étages. Pour autant, le reconstruction n'a pas concerné que les maisons: plus d'une dizaine de barricades, dont certaines très difficiles à escalader, se sont érigées en plusieurs point du bocage. Un tronçon de route "stratégique", proche des nouvelles zones de construction, est désormais barré de barricades. Même s'ils ont compliqué la donne des pouvoirs publics sur le plan juridique, les opposants savent que ces derniers peuvent ordonner à tout moment au moins l'évacuation d'une vieille ferme, le "Rosier", premier "squat" du mouvement à avoir été investi. Du coup, il est défendu aussi bien par les "zadistes", que par les agriculteurs qui y ont disposé leurs tracteurs tout autour.