"Scandaleux" pour Bernard Stamm et Jean-Pierre Dick. "Injuste" pour Mike Golding... La disqualification de Bernard Stamm provoque une série de réactions.
Les réactions sont déchaînées après la disqualification de Bernard Stamm. Un compte Facebook de soutien au navigateur a même été créé.Voici aussi les réactions des marins du Vendée Globe, dont le premier concerné.
Bernard Stamm :
"Comme vous pouvez le penser, ça pourrait aller mieux. J’ai le droit de demander la réouverture du dossier donc c’est ce que je vais faire, je pense toujours avoir agi dans l’esprit de la course. Je pense que le Jury n’a pas tenu compte du contexte, j’ai agi pour la sécurité de mon bateau. Le bateau russe Professor Khromov est arrivé dans la nuit, alors que j’étais déjà au mouillage. Je l’ai vu par hasard au lever du jour, il ne faisait pas beau avec du brouillard et peu de visibilité. Assez rapidement mon ancre a commencé à chasser et comme il était sous mon vent et très proche, il y avait un risque qu’on entre en collision. Tout s’est passé très vite, je n’ai pas pensé au règlement. J’ai pensé à ce bateau comme à une ancre, je n’en avais pas d’autre, les fonds sont couverts d’algues là-bas et mon ancre glissait dessus. Il fallait trouver un endroit solide... ou bien repartir en mer mais je n’avais pas fini mes réparations sur mes hydrogénérateurs et n’avais aucune réserve électrique. Je pense que le Vendée Globe et l’IMOCA ont besoin que les bateaux reviennent, qu’ils ne finissent pas sur les cailloux.
Je vais demander la réouverture du dossier en essayant de faire comprendre ce qu’il s’est passé. C’est sûr que si on lit brut de pomme le règlement, je n’ai pas à m’amarrer à un bateau, mais pour moi c’était simplement une ancre. Quand j’ai vu que mon ancre chassait, j’ai pris la VHF pour prévenir l’autre bateau que j’allais essayer de venir à son contact. Ce sont eux qui m’ont proposé de m’amarrer sur eux, moi je courrais partout dans le bateau pour tout rallumer. Quand je suis ressorti, il y avait quelqu’un à bord en train de remonter l’ancre. Je n’ai même pas eu le temps de penser à lui dire de descendre de mon bateau, surtout qu’on risquait de continuer à descendre la pente. J’ai fini de remonter l’ancre tandis qu’il a passé le bout à son bateau. N’importe quel marin dans le monde entier aurait fait ce qu’il a fait, et ça s’est passé tellement vite que je n’ai pas réfléchi à ce que disait le règlement. Peut-être que le commandant du Professor Khromov pourrait témoigner mais je ne suis pas sûr qu’il apporterait des éléments nouveaux car il ne fera que redire ce qu’il s’est passé.
Je suis au milieu du Pacifique Sud donc m’arrêter là ce serait compliqué... Et si vraiment ça ne se passe pas bien, il faut reconnaître qu’on n’aura pas attendu le Jury pour malmener notre projet sportif. Avec mes soucis d’hydrogénérateurs, on aura réussi à le faire tout seul, ce qui m’arrive n’a jamais amené un bateau en tête. Mais je veux mener à terme mon projet de faire mon tour du monde, et comme je suis aux antipodes il faut bien que je le finisse pour rentrer. Mais au-delà de ça, nous avions également monté un projet scientifique et rien ne m’empêche de le mener à bien."
Mike Golding
"Les règles sont les règles, etc. Mais quand vous connaissez l'histoire de Bernard et la situation dans laquelle il est, avec une grande partie du Pacifique Sud à parcourir, puis le cap Horn et la menace des icebergs, ça parait très injuste. Ça semble ne pas être une bonne décision. Mais comme je l'ai dit, les règles sont claires et malheureusement avec les informations que j'ai, il semble que ces règles ont été violées par inadvertance. Et c'est, je pense, un point considérable : par inadvertance. Je suis vraiment réservé sur cette décision, elle ne me semble pas correcte et je suis vraiment, vraiment très triste pour Bernard. J'espère qu'il pourra faire appel et rester en course."
Alain Gautier (vainqueur en 1993 et consultant sécurité)
Le Jury international est composé de membres venant d’autres pays que la France, nommés par la Fédération Française de Voile. C’est un jury totalement indépendant de la direction de course et du reste de l’organisation. Leurs textes sont très clairs et dans le cas de Bernard, ils ne peuvent aller que dans ce sens-là. Malheureusement leurs décisions ne conviennent pas toujours, il y a souvent un sentiment d’injustice. Mais hélas c’est comme ça, le Jury est souverain. Comme dans tous les sports, c’est l’arbitre qui a raison.
Jean Le Cam
"Je suis remonté comme une pendule. Pour moi, Bernard a agi en bon marin, il a tout fait pour sauver son bateau et on le pénalise ! Pour vous donner une image, c’est comme si un mec se retrouve au bord de la falaise, il risque de tomber, il y a quelqu’un qui lui tend la main et il devrait lui répondre : "Ben non, parce que c’est le règlement, alors tu ne me tends pas la main" et il tombe de la falaise ! J’ai envoyé un mail au jury ce matin car on ne peut pas prendre des décisions pareilles".
Jean-Pierre Dick
"Je trouve cela scandaleux, je suis sous le choc de cette annonce. Cette décision du jury me paraît totalement démesurée. Bernard Stamm a commis une infraction au règlement. Je peux comprendre qu’il soit pénalisé pour cela, mais pas à cette échelle. La disqualification est vraiment forte. C’est hallucinant ! Il s’agit d’un cas de force majeure, Bernard a agi en bon marin pour sauver son bateau."