Les quelques centaines d'anti-aéroport qui campent sur le site prévu pour la construction de l'aéroport du grand-Ouest ont prévu de relancer leur mouvement dès demain avec un "Festi-ZAD", trois jours de musique sous chapiteaux.
Mercredi, plus de 7.500 personnes avaient annoncé sur Facebook leur intention de se rendre sur le site prévu pour la construction de l'aéroport, pour faire la fête.
Besoin de se refaire une image
Après la grande mobilisation de mi-novembre - entre 13.000 et 40.000 manifestants sur le site -, les anticapitalistes de la Zone d'aménagement différé (ZAD) ont fait parler d'eux lors de heurts sporadiques avec les gendarmes chargés de les expulser. La présence de deux jeunes fugueuses, qui ont fini par rejoindre leur famille respective, n'a pas forcément donné une bonne image du mouvement, d'où l'intérêt pour les opposants de reprendre l'initiative sur le terrain médiatique: l'Acipa, la principale association d'opposants au projet, vient d'annoncer une chaîne humaine pour le 11 mai et un autre festival musical, les 3 et 4 août.
"Camping permanent"
"Il y aura plusieurs dizaines de milliers de personnes, ce sera un camping permanent. Si l'Etat décide de passer en force, ce sera très difficile à gérer", pronostique José Bové, l'eurodéputé écologiste, qui voit mal comment les pouvoirs publics pourraient justifier la présence pendant des mois de milliers de CRS sur place. Tentant de désamorcer le dossier, M. Ayrault, en première ligne en tant qu'ancien député-maire de Nantes et fervent partisan de l'aéroport, a mis en place une commission du dialogue qui a entamé ses auditions juste avant Noël et devra rendre un rapport fin mars. Mais le gouvernement a exclu que cette commission puisse retoquer le projet dans son ensemble et certains opposants comme l'Acipa ont décidé de boycotter ses travaux. "La commission, c'est une blague", tranche "Sophie", qui s'attend à ce que les trois sages nommés par le Premier ministre ne remettent pas en cause le bien-fondé du projet.
Recours juridiques
Le groupe Vinci, concessionnaire du projet qui doit remplacer l'actuel aéroport de Nantes, n'exclut désormais plus un retard de l'ouverture de l'infrastructure, prévue en 2017 pour un coût qui dépasse 550 millions d'euros. Les travaux proprement dits ne démarreraient au mieux qu'au deuxième semestre 2014. Pour les retarder, les opposants multiplient les recours juridiques, dont un, relatif à la loi sur l'eau, doit être tranché en mai par les institutions européennes. "On va faire en sorte que petit à petit, l'esprit d'un moratoire se mette en place", résume le porte-parole de l'Acipa.
Pour José Bové, le rapport de la commission du dialogue pourrait permettre au gouvernement de se sortir du dilemme sans se déjuger si les sages reconnaissaient que le projet n'est pas viable économiquement. "2013 pourrait être la fin de ce projet inutile et imposé", espère-t-il.