Les Vieilles Charrues : un poumon économique en manque d'oxygène ?

C'est l'heure des bilans.. L'heure des comptes. Cette édition 2013 restera en demi-teinte. Un budget en hausse, mais une fréquentation en baisse. De quoi nourrir pas mal de réflexions pour un festival qui sert de poumon économique à toute une région.

Keramphuil, remplie comme un oeuf le samedi : 65 000 festivaliers sur la plaine, c'était complet ! Mais un jeudi qui n'a pas draîné les foules (25 000 entrées payantes), un vendredi en demi-teinte (45 034 entrées) et un dimanche familial qui ne rassemble que 35 000 spectateurs (chiffre samedi 20 h). Cette année l'association des Vieilles Charrues peinera à atteindre l''équilibre.

Pour l'atteindre, les organisateurs comptaient sur 170 000 entrées. Ils n'en comptabilisent à ce jour que 160 000.
Loin des 188 000 entrées de l'année dernière. De quoi nourrir bien des interrogations sur la prochaine édition.

Réfléchir au modèle économique

Car pour un festival auto-financé à 99%, les rentrées liées à la billetterie sont essentielles. Elles représentent 56,5% des recettes. Avec la restauration, on monte à 80 % du budget ! En 2011, l'année des 20 ans, le festival avait dégagé 500 000 Euros de résultat. Mais en 2005, il en avait perdu 800 000 à cause d'une programmation qui avait déplu. Qu'en sera t-il cette année ? A 41 Euros le billet pour une journée à 20 concerts, la politique commerciale des Vieilles Charrues a toujours privilégié l'ouverture au plus large public. Mais elle doit faire face à une concurrence européenne de plus en plus féroce. 380 festivals  qui s'arrachent les têtes d'affiche et dont certains s'érigent en véritables "parcs d'attractions musicaux" comme le Sziget Festival de Budapest. "Nous allons devoir réfléchir à notre modèle économique, concède Jérôme Tréhorel, le directeur des Vieilles Charrues.

Mais pas question de céder aux sirènes de l'argent !

"Pas question non plus de se vendre à une marque, comme d'autres festivals. Car ce serait contraire à l'éthique des Vieilles Charrues et tous les membres de l'association de loi 1901 sont là pour nous le rappeler."

Poumon du centre-Bretagne

Car comment oublier que le festival des Vieilles Charrues a été inventé, conçu et amélioré dans un seul but : animer la vie du centre-Bretagne. Travailler, vivre et créer au pays du Poher, souvent relégué au second plan des stratégies d'aménagement territorial. Le festival, en 2012, c'était 4,3 millions d'Euros de retombées pour le secteur.
Ici, Les Vieilles Charrues, on en parle toute l'année. Philippe Martin, le responsable des bénévoles, raconte cette anecdote : "mon fils a 11 ans. Ca fait simplement deux ans qu'il a compris que j'avais un autre métier que celui des Vieilles Charrues !". A Carhaix, tout le monde ou presque participe. A 75%, les 6000 bénévoles proviennent d'associations locales, à qui le festival reverse 120 000 euros chaque année pour leur engagement.
On a construit une usine pour laver à l'année les fameux gobelets recyclables qui sont utilisés pour les festivals, avec à la clé, des emplois pour des travailleurs handicapés. On travaille toujours sur le projet du Sillon (plus de 3 M d'€) mais c'est loin d'être bouclé. La faute notamment, aux aides publiques qui se font de plus en plus rares, compte tenu de l'incertitude économique qui plombe tout aujourd'hui.

Rester le village de gaulois

Malmenées sur bien des fronts, les Vieilles Charrues comptent bien résister ! La trésorerie du festival permet de faire face à une ou deux mauvaises éditions. Mais désormais, il va falloir compter... et recompter. Sans le mécénat, le prix du billet grimperait automatiquement de 41 à 50 euros.
Alors comme un gouvernement, confronté à la crise, la direction du festival peut se retrouver en face de choix difficiles.  Augmenter les tarifs ? Réduire la programmation ? Passer sur trois jours ? Son modèle économique d'autofinancement lui épargne les réductions drastiques de subventions que subissent d'autres festivals. Certes. Mais les taxes pèsent lourdement dans les comptes, à commencer cette année, par l'augmentation de la taxe sur la bière qui représente forcément un manque à gagner.
En octobre 2012, Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif posait à la une du Parisien en marinière Armorlux, histoire de défendre le produire en France. Qu'il jette un oeil vers le centre-Bretagne !
A Carhaix, on souhaite avant tout produire au pays. Au pays du Poher, là où l'histoire des Vieilles Charrues a démarré, il y a maintenant 22 ans. Et rester un village d'irréductibles au pays des festivals !

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