Ce lundi, Dinan dit au-revoir à ses policiers, après le passage de relais entre les fonctionnaires de la police et les militaires de la gendarmerie. Un départ précipité qui a valu de faire cartons, ménage, voire état des lieux durant le week-end. Ambiance.
Derrière les chiffres, les zones rurales et urbaines, les décrets, le code général des collectivités territoriales, il y a des hommes, des vies quotidiennes et des habitudes qu’il va falloir changer dans le centre de Dinan, face au commissariat.
On déménage !
Mine de rien, entre deux bouchées, les clients installés sur la terrasse de la Duchesse Anne ne ratent rien des drôles de scènes qui se déroulent sous leurs yeux. Les coffres des voitures garées en épi devant le commissariat se remplissent peu à peu : les policiers sommés de déménager vers les villes de la région font leurs cartons. Des affiches sont roulées et le resteront sans-doute à jamais, une coupe qui a connu ses fières heures de gloire sur une étagère finit lamentablement sa carrière dans le fond d’une caisse poussiéreuse, une paire de bottes qui a battu les jolis pavés du Jerzual peine à tenir dans un vieux sac de sport...
Kenavo !
Peu avant midi, un personnage haut en couleurs et visiblement bien connu des bistrotiers de la cité fait son entrée sur la place Duguesclin. Il annonce à l’un des tenanciers de la place qu’il est venu «pour dire salut aux policiers !» Pince sans rire, toute à ses commandes en plein coup de feu, la serveuse répond sans même lever le nez de son calepin: «Ha ben effectivement, c’est clair que toi, tu les connais bien les policiers... Le commissariat qui ferme, c’est ta résidence secondaire qui disparait !»
Pas pareil !
Vexé, le passant poursuit dignement son chemin vers le commissariat, sous les rires de l’assistance : «C’est ça ! Riez mais vous verrez : les perdreaux, on les connaissait, les képis, c’est pas pareil !» Et le quidam de stopper sa route et de retourner fièrement vers son public désormais hilare : «Les gendarmes, c’est des militaires et les militaires en bleu, c’est pas des marrants ! Ceux-là au moins, on les connaissait...» La galerie pouffe... Cette dernière précision arrache des rires à un public qui ne pensait pas vraiment récolter de telles brèves de comptoir !
Un policier déménageur accueille alors son vieil habitué et lui lance en souriant : «Ha non ! Toi, tu restes... Tu vas un peu nous manquer mais je ne t’emporte pas ! Allez, tu rentres une dernière fois ?»