C'était un rituel de rentrée : la consultation chez le médecin pour obtenir l'indispensable certificat médical en vue de la pratique d'un sport. Sans le faire disparaître complètement, le gouvernement entend espacer ces visites médicales. Levée de bouclier de plusieurs syndicats de médecins.
Chaque année, plus de 15 millions de Français se plient à cette visite médicale: sésame indispensable pour faire du sport en club, association ou compétition, le certificat de non contre-indication à la pratique d'un sport s'applique à tous, enfants comme adultes, depuis la loi Buffet de 1999.
Hier, la Ministre des Sports, Valérie Fourneyron [NDLR: elle-même ancien médecin de l'équipe de France de hockey sur glace et de volley-ball], a indiqué vouloir réformer cette visite annuelle obligatoire. "Nous voulons faciliter l'accès au sport pour tous. Quand vous interrogez les fédérations, elles vous répondent toustes que le certificat annuel est un handicap à la pratique. Il ne satisfait ni le sportif, ni le médecin, ni la Sécurité Sociale", a argumenté la Ministre selon Europe 1.
Consultations tous les 2 ou 5 ans
Pour autant, la Ministre n'envisage pas d'abandonner complètement cette procédure. Elle souhaite que la visite médicale soit conservée à des moments "clefs": première licence sportive ou reprise d'activité après 35 ans, par exemple. L'idée serait de s'inspirer des modèles anglo-saxons avec un rythme de consultations tous les deux ans pour les enfants et tous les cinq ans pour les adultes de moins de 40 ans. Dans ce dernier cas, l'examen d'une trentaine de minutes serait alors plus approfondi avec un électro-cardiogramme. Entre-temps, le pratiquant licencié répondrait, chaque année, à un auto-questionnaire simple, adapté pour les enfants. Une réponse positive à l'une des questions impliquerait une visite médicale.Un certificat annuel indispensable
Chez les médecins, la proposition du Ministre est très contestée. Dans Le Figaro, Tania Bellot, médecin du sport, estime qu'"un certificat médical annuel [...] est indispensable". Et le médecin de préciser que "la santé d'une personne peut évoluer d'une années sur l'autre. pour les enfants, cela permet de bien suivre leur croissance, de dépister un début de souffle au coeur, de surveiller leur alimentation... [...] Quant aux adultes, ausculter coeur et poumons, prendre le pouls, vérifier la tension, peser la personne... Ce n'est pas du luxe."L'occasion de faire dépistage et prévention
Dr Pascale Gaudin-Piel, médecin généraliste à Betton (Ille-et-Vilaine), expliquait sur France 3 Bretagne en septembre 2012, que ces consultations annuelles constituaient pour elle l'occasion de "voir le développement morphologique et psychologique [des jeunes patients]. J'en profite pour dépister les conduites à risque chez l'adolescent. Il m'est arrivé de diagnostiquer des anomalies comme des scolioses lors de ces visites".Pour autant, Luc Duquesnel, président du syndicat Unof-CSMF reconnaît dans le Figaro qu'à l'heure actuelle, la multiplication des demandes de certificats pose problème.: "On vous en demande pour vous inscrire au club de foot, puis si vous participez à une course à pied deux mois plus tard, puis l'été si vous faites un stage sportif... Cela en devient ridicule." En conséquence, le syndicat "recommande de créer un certificat médical annuel valable pour l'ensemble des sports [...] Cela nous permet d'ausculter toute une partie de la population que nous ne voyons pas d'habitude et de faire ainsi de la prévention."
Selon le Ministère des sports, la réglementation est actuellement discutée avec l'ordre des médecins, le mouvement sportif et les mutuelles. L'objectif est de mettre en place la réforme pour la rentrée 2014.
LA REGLEMENTATION AUJOURD'HUI:
* QUAND LE CERTIFICAT EST-IL EXIGIBLE ?Pour une première demande, vous devez présenter un certificat datant de moins de 120 jours (4 mois). Si vous renouvelez une inscription, le certificat doit dater de moins de 180 jours (6 mois).
* QUEL TYPE DE CONSULTATION ?
Il n'y a pas de consultation type mais des recommandations. Pour des sports dits "sans risque", c'est au médecin d'adapter son examen clinique au patient et à l'activité fonction notamment des antécédents, de l'âge et du niveau de la pratique sportive (compétition ou pas ?)
Des sports dits "à risque" (certains sports de combat, sports mécaniques motorisés, sports aériens, sports sous-marins, tir avec arme à feu, etc.) sont, eux, soumis à des règles précises élaborées par les fédérations.
* REMBOURSEE ?
Officiellement, l'Assurance-maladie ne prend pas en charge la consultation pour délivrance d'un certificat de non contre-indication à la pratique d'un sport. Dans les faits, de nombreux médecins établissent une feuille de soin, estimant que cela relève de la prévention.