Tout les oppose. Guingamp (14e), promu à la lutte pour le maintien et le Paris SG, leader de la Ligue 1, joueront ce soir à Guingamp. Deux clubs qui n'ont pas la même identité, le même budget, les mêmes effectifs, ni les mêmes supporters...
Guingamp, 9.000 abonnés pour seulement 7.280 habitants, une identité rurale (ses supporteurs s'autoproclament "paysans") et un ancrage territorial. Le PSG, club de la capitale aux plus de 2 millions d'habitants et une influence à l'international, notamment en Asie.
"On détonne dans cet environnement des grandes métropoles voire des grandes multinationales qui nous entourent. On est à part, c'est sûr, on le revendique et on en est fiers. On est l'émanation d'une terre qui est très identitaire", explique Bertrand Desplat, président de l'En Avant qui a toujours eu comme principal parraineur maillot une entreprise régionale (actuellement Celtigel, du groupe Le Graët). Guingamp, club de l'Argoat, cette Bretagne des terres moins glamour que celle du littoral, et des Côtes-d'Armor, le plus rural des départements bretons, revendique son identité: "Sauvons la Bretagne, non à l'écotaxe", proclamait ainsi un panneau publicitaire lors de la venue de l'AC Ajaccio le 26 octobre (2-1), à l'initiative d'un des actionnaires du club et membre du collectif des Bonnets rouges.
85 actionnaires à l'EAG
La ventilation de l'actionnariat de l'En Avant est d'ailleurs un cas unique en France: 85 actionnaires, principalement issus du monde des PME et de l'industrie agroalimentaire, disposent en effet de 70% du capital du club (les 30% restants sont détenus par l'association), mais aucun ne possède plus de 4% des parts. Un réseau économique tissé sur le modèle socialiste des coopératives par Noël Le Graët, maire (PS) de Guingamp de 1995 à 2008 et aux commandes de l'En Avant de 1972 à 1991 puis de 2002 à 2011 avant de présider la Fédération française de football. "C'est un modèle davantage basé sur le partage que sur la confiscation d'un club au profit d'un actionnaire ultra-majoritaire. C'est ce qui fait la force du club car on est l'abri du départ d'un des actionnaires", note Desplat, dont le club affiche le plus petit budget du Championnat (22 M EUR cette saison). Un gouffre comparé au PSG et ses 430 millions d'euros de budget, 5e club le plus riche du monde selon le dernier rapport annuel du cabinet Deloitte grâce à la manne financière quasi sans limite de QSI (Qatar Investment Authority), qui a racheté le club à l'été 2011."Avec une jambe d'Ibrahimovic, on est capable de faire une équipe de 11 joueurs sur le terrain"
C'est ce que dit Desplat, dont le budget est seulement supérieur d'un tiers au salaire annuel net de la star suédoise (15 M EUR). Le Guingampais le mieux payé, Mustapha Yatabaré, toucherait lui environ 600.000 euros brut par an, et quand le PSG a dépensé plus de 110 millions d'euros cet été en transferts, l'En Avant en a déboursé 100 fois moins...
Côté infrastructures, un monde les sépare aussi
Paris a débauché le "meilleur jardinier d'Angleterre" pour bichonner sa pelouse et a équipé ses joueurs à l'entraînement de GPS qui mesurent le moindre de leurs déplacements. Ces joueurs peuvent notamment reprendre en douceur après leurs blessures grâce à un bac à sable favorisant la guérison, et partent chaque hiver en stage au Qatar, où le club profite des installations haut de gamme du centre sportif Aspire et de la clinique Aspetar. Son stage hivernal, Guingamp l'a effectué à quelques kilomètres de chez lui, à Perros-Guirec. Le club attend impatiemment la construction, achevée d'ici un an et demi, de son centre de formation, et la livraison d'un synthétique pour les professionnels.Des joueurs qui peuvent, pour ébranler la montagne parisienne, s'inspirer de leurs aînés, vainqueurs (3-2) en février 2003 du PSG d'un certain Ronaldinho après avoir pourtant été menés 2-0.