L'INSEE publie une étude sur le non recours à son médecin généraliste et sur le renoncement aux soins. Dans l'ouest de la Bretagne, on a va moins voir son médecin généraliste. Au-delà des chiffres, ces résultats montrent l'importance du déterminisme culturel et économique.
L'institut de statistique l'a constaté : on va moins voir son médecin généraliste dans l'ouest de la Bretagne. Menée à partir d'une enquête nationale, cette étude montre aussi que le "renoncement aux soins" est plus élevé dans les unités urbaines et sur le littoral dans la région.
Renoncement et non recours, deux réalités différentes
Le renoncement aux soins, c'est lorsque l'on ne va pas voir un médecin pour une raison financière. Par exemple : voir son généraliste, alors qu'on devrait consulter un spécialiste. Le "non recours à un généraliste" s'applique lui à toute personne n'ayant pas été voir son médecin au cours des 12 derniers mois. Ces deux notions, établies par l'INSEE permettent de mettre en lumière les inégalités face aux soins.En Bretagne, le risque moyen estimé de renoncement aux soins serait de 13,2 %, contre 15 % au niveau national.
"Plus qu'un enjeu d'offre, c'est un enjeu de culture"
Pierre Bertrand, directeur de l'ARS (Agence régionale de santé) rappelle que derrière les comportements et notre rapport aux soins, se dessinent des enjeux économiques mais surtout culturels. "On a souvent coutume de dire que les artisans, les agriculteurs ou les indépendants se consacrent d'abord à la bonne santé de leur entreprise, plutôt qu'à leur propre santé !". Dans les faits, ces professions apparaissent en premier, parmi celles qui ont le moins recours à leur généraliste. Cette situation peut s'avérer dramatique. Pierre Bertrand souligne "En Bretagne, nous avons le taux de mélanome le plus important de France, parce que les gens ne prennent pas soin de leurs corps et découvrent leur maladie trop tard. Chez les agriculteurs, c'est une réalité. Le plus difficile à traiter c'est le non recours, il faut faire du sur-mesure par rapport à une population, des comportements, miser sur la prévention et la promotion."
H. Pédech, L. Benchiha
Des différences selon les territoires
L'ouest de la région est particulièrement concerné par le renoncement, ainsi que les grands bassins de vie urbains et ceux du littoral, où cohabitent des ménages aisés et des populations en difficulté. C’est le cas de Brest, Quimper, Lorient, Hennebont, Vannes, Rennes, Saint-Malo et Saint-Brieuc.Lorsqu'il s'agit d'aller voir son généraliste, la Bretagne affiche un pourcentage inférieur au national, de 12,7% (contre 14%). Sur cette question, c'est en Ille-et-Vilaine que cette tendance est la plus marquée. Sa population, des jeunes, et cadre en bonne santé ainsi qu'une forte implantation de spécialistes explique le phénomène. A noter que ce non recours peut tout simplement traduire une absence de besoins.