La cour d'assises du Morbihan a condamné vendredi Philip Plisson, à cinq ans de prison dont trois ferme, pour le viol de sa nièce en 1999. A l'énoncé du verdict, Philip Plisson est resté debout derrière son micro, figé, comme sidéré. Il a été écroué à la prison de Vannes. Il fera appel dès lundi.
Le parquet avait requis sept ans de prison à l'encontre du photographe, âgé de 67 ans, dont les clichés des côtes bretonnes se sont vendus à des millions d'exemplaires. Il a finalement été condamné à 5 ans de prison dont 3 ferme. "La vie règle ses comptes", a réagi la victime, Dorothée, aujorud'hui âgée de 35 ans. "Ce qui comptait, c'est qu'il soit déclaré coupable", a-t-elle affirmé à la presse.
"C'est terrible de voir partir un homme de 67 ans pour la première fois de sa vie en prison", a pour sa part affirmé Me Thierry Fillion. "C'est un drôle de verdict parce que soit on est coupable et la peine correspond à cette culpabilité, soit on l'est pas et dans ce cas on est acquitté", a-t-il ajouté. Philip Plisson a maintenu lors des débats qu'il n'avait pas violé sa nièce Dorothée à l'été 1999 dans la maison familiale de la Trinité-sur-Mer, alors que la jeune fille était tout juste majeure. Lors de sa déposition de plus de deux heures, il a maintenu que sa relation avec la jeune fille avait été consentie. "Avec Dorothée, c'était très tendre, très tactile. Je lui ai dit à plusieurs reprises d'arrêter de me coller", a-t-il dit, en faisant amende honorable.
Philip Plisson soutenu par sa femme et ses enfants
"C'est un comportement anormal, que je regrette. Je n'ai pas attendu d'être à la barre pour culpabiliser", a lancé l'accusé. Alors que sa femme et ses enfants ont défendu leur mari et père mercredi, expliquant que ce dernier avait été piégé par Dorothée, décrite comme une "allumeuse", Philip Plisson a rejeté cette description. "Elle était belle, elle ne laissait personne indifférent et elle était spontanée", a-t-il simplement indiqué. Interrogé sur le viol, qui se serait produit un matin dans la chambre de la jeune fille, le photographe n'a voulu y voir qu'une "étreinte" sans pénétration, en contradiction avec ses déclarations en garde à vue. A propos de cette contradiction, il a expliqué qu'il avait été "rudoyé" pendant sa garde à vue, une affirmation rejetée par l'avocat général au vu de l'enregistrement de l'interrogatoire policier."Emprise psychologique"
Dorothée, une jeune femme brune aux grands yeux bleus, a maintenu ses accusations jeudi, expliquant aux jurés comment sa fascination pour la réussite de son oncle s'était transformée en emprise psychologique, puis en relation sexuelle imposée. Dans sa plainte, déposée en 2008, la jeune femme accusait son oncle de l'avoir forcée à des attouchements pendant quatre étés de suite, de 1996 à 1999. "Il agissait toujours violemment, de manière bestiale", déclarait alors la jeune femme.Les faits commis alors qu'elle était mineure n'ont pas été retenus par la chambre de l'accusation de la cour d'appel de Rennes. Celle-ci n'a retenu que le viol présumé commis à l'été 1999, une fois Dorothée devenue majeure. Dans son ordonnance de renvoi, le juge d'instruction a fait le portrait d'un homme qui s'est "servi de sa position sociale et de sa notoriété pour accroître son influence sur une jeune fille qui l'admirait (...) Il a mis en place une emprise psychologique" pour abuser d'elle. La société de photographie que Philip Plisson a créée en 1989, Pêcheur d'images, est l'une des grandes réussites économiques du Morbihan. Elle a employé jusqu'à 37 salariés.