Sur les traces des hommes du Mésolithique

A l’occasion des journées de l’archéologie, deux expositions à Rennes et Carnac retracent les travaux des Péquart. Dans les années 20-30, leurs fouilles ont permis d’en savoir plus sur les hommes du Mésolithique, leurs rites et leur mode de vie. Une période qui fascine les archéologues.

C’est un petit chantier de fouilles, près du casino de Quiberon, au dessus de la plage de Beg er Vil. Depuis 3 semaines, une quinzaine d’archéologues fouille avec minutie un carré creusé dans le sol. Déjà, on voit nettement apparaître une couche de coquillages et les traces d’un ancien foyer…Preuve qu’ici, des hommes et des femmes ont vécu il y a …7400 ans. A l’époque du Mésolithique. On les appelait les chasseurs-cueilleurs.

Fouilles à Quiberon

Le site a été découvert dans les années 70 puis sondé une première fois dans les années 80. En se plaçant en contrebas, sur la plage, là ou le vent et l’eau ont érodé la dune, il est facile de repérer la strate de terre qui correspond à l’époque mésolithique : elle est remplie de coquillages, ceux dont se nourrissaient les familles d’alors, ceux avec lesquels ils réalisaient aussi des parures, colliers, bracelets, ornements de vêtements…


Dans un petit Algeco, sur le parking juste à coté du chantier, Catherine Dupond, archéologue spécialiste de l’alimentation et deux de ses collègues se livrent à un véritable travail de fourmi : armés de pince, de pinceaux et de loupes, ils trient des tas de petits cailloux. C’est du moins ce que l’on voit de prime abord. Mais au milieu des roches, se cachent des trésors : minuscules morceaux de coquillages, arêtes de poissons, dents de crabes, autant d’indices qui vont permettre aux archéologues de savoir plus précisément ce que mangeaient les hommes du Mésolithique.

Pour l’instant, s’il faut se contenter de ces précieuses mais modestes trouvailles, l’archéologue Grégor Marchand, directeur de recherches au CNRS, rattaché à l’Université de Rennes 1, espère, qui sait faire d’autres découvertes plus prestigieuses : des squelettes en parfait état de conservation. Rien d’impossible car les hommes du Mésolithique enterraient leurs morts au milieu des amas coquilliers, ce qui a permis de protéger les squelettes de l’acidité de la terre bretonne. Ce ne serait d’ailleurs  pas une première…

L’aventure ilienne des Péquart

Dans les années 20, un couple de quincaillers nancéens, Marthe et Saint Just Péquart, passionné d’archéologie, a déjà joué les précurseurs.
Amis de Zacharie Le Rouzic, archéologue à Carnac, les Péquart vont de 1928 à 1934, fouiller Téviec, un îlot au large de la presqu'île de Quiberon ainsi que l'île d’Hoedic. Et y faire de fabuleuses découvertes.
A Téviec, ils reprennent les recherches entreprises en 1883 par MF Gaillard, qui avait déjà noté sur l’îlot la présence de coquillages et d’ossements d’animaux. Après avoir décapé le sol avec précaution, ils découvrent des foyers, des silex, des ossements d’animaux.

Des découvertes sans équivalent

Apparaissent aussi des bois de cerfs à moitié engagés sous une dalle et sous la dalle, deux squelettes humains, parés de colliers de coquillages. On sait aujourd’hui, que ce sont les squelettes de deux femmes, reposant côte à côte pour l’éternité. On sait aussi qu’elles avaient une vingtaine d’années et ont été violemment frappées à la tête. Mais elles gardent encore une partie de leur mystère.

Au total, les Péquart vont découvrir sur l’îlot 10 sépultures mésolithiques recelant au total 23 squelettes d’hommes, de femmes et d’enfants. Tous font l’objet des mêmes rites funéraires : fosses aménagées avec des galets dans l’amas coquillier, parures de coquillages, bois de cerf sur 2 tombes, présence d’objets : pointes de flèches ou os d’animaux, le tout dissimulé sous une dalle et un cairn de pierres, préfigurant l’époque des grands mégalithes. Preuve que ces hommes étaient déjà très bien organisés socialement et qu'ils avaient leurs croyances et leurs rites.
Entre 1931 et 1934, les Péquart vont aussi mettre au jour 9 sépultures sur l’île d’Hoedic avec 14 squelettes au total.

Tombés dans l’oubli

On conserve de nombreuses photos de ces fouilles ainsi qu’un film puisqu’en plus d’être de véritables pionniers de l’archéologie moderne, les Péquart furent aussi cinéastes et documentaristes avant l’heure.
Leurs travaux ont été en partie mis à l’écart après la 2e guerre Mondiale, car Saint-Just Péquart, soupçonné de collaboration avec l’Allemagne et membre de la milice a été fusillé en septembre 1944. Mais aujourd’hui, archéologues et scientifiques s’accordent à dire que leurs découvertes qui restent sans précédents ont été remarquables de minutie.

Expositions à Rennes et Carnac

Les squelettes de Téviec ont été dispersés aux quatre coins de la France : 3 sont aujourd’hui conservés au musée de la Préhistoire de Carnac, 9 a l’Institut de Paléontologie humaine à Paris et les autres au Musée d’archéologie de St Germain en Laye et au Muséum de Toulouse. C’est là que l’on trouve notamment les deux premiers squelettes découverts à Téviec et dont un moulage est actuellement présenté à l’Espace des Sciences de Rennes jusqu’à la fin de l’été. 

Le musée de la Préhistoire de Carnac consacre lui aussi une exposition temporaire aux travaux des Péquart : on peut y voir de nombreuses photos, le film tourné par les archéologues à Téviec, tous les objets retrouvés dans les sépultures ainsi que la reconstitution du chantier de fouilles.

L’occasion d’en savoir plus sur nos ancêtres du Mésolithique et sur la vie en Bretagne il y’a 7400 ans.
Pour en savoir plus :
Enquête à Téviec, à l’Espace des Sciences de Rennes jusqu’au 31 août :
http://www.espace-sciences.org/sciences-ouest/319/dossier/teviec-l-ile-aux-squelettes

Musée de la préhistoire de Carnac :
http://www.museedecarnac.com/

Téviec, à l’Institut de paléontologie Humaine de Paris :
http://www.fondationiph.org/spip.php?page=recherche&recherche=teviec
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