Une enquête de Greenpeace présentée ce jeudi dévoile qu'une grande majorité des conserves de thon vendues en France ne répondrait pas aux critères de pêche durable. Espèces surexploitées, technique de pêche destructrice, seules deux marques obtiennent les bonnes grâces de l'ONG.
Sur les neuf entreprises ayant répondu à l'enquête menée par Greenpeace, (le groupe Leclerc n'a pas souhaité donner suite), deux seulement useraient de pratiques vertueuses : le Phare d'EckMühl et Système U. "Ces deux marques s'approvisionnent en majorité ou en totalité avec du thon pêché grâce à une méthode sélective - la canne ou la ligne de traîne - et utilisent des thons provenant de stocks en bon état, comme le thon listao", explique l'ONG dans un communiqué.Une pêche destructrice
Pour les autres entreprises sondées, (Carrefour, Auchan, Intermarché, Connétable, Saupiquet, Petit Navire et Casino), "l'approvisionnement des plus grandes marques repose essentiellement sur une pratique de pêche destructrice", utilisant "un dispositif de concentration de poissons", déplore Greenpeace. L'ONG appelle les fabricants à éviter les fournisseurs l'utilisant, comme c'est largement le cas au Royaume-Uni.Le dispositif de concentration de poissons est une forme de pêche industrielle qui maximise les prises de thons adultes et surtout génère beaucoup de prises accessoires (petits thons, requins, raies, tortues, etc.) inutiles. Il s'agit d'une sorte de radeau flottant abritant de multiples cavités dans lesquelles de petits poissons vont se réfugier et deviennent des proies faciles, attirant les thons. Les thoniers surveillent ensuite ces radeaux équipés de GPS et déploient autour des filets de plusieurs kilomètres qui vont ramasser toutes les espèces sans distinction.
Espèces surexploitées
Concernant l'espèce de thon pêché, "le thon albacore de l'Atlantique, dont le stock est surexploité, est largement utilisé dans les conserves vendues en France", souligne Greenpeace. Intermarché, pointé du doigt pour les techniques de pêche de ses fournisseurs, se distingue en revanche pour les espèces utilisées: "un peu plus de la moitié du thon en boîte vendu par Intermarché est du thon listao dont les stocks sont en bon état", indique l'ONG. Système U remplit également ce critère.En Bretagne, trois usines sont concernées par cette enquête : Saupiquet à Quimper, Paul Paulet pour Petit Navire à Douarnenez, Wenceslas Chancerelle pour Connétable, aussi à Douarnenez. Trois marques qui selon Greenpeace feraient plutôt partie des mauvais élèves...