Route du Rhum : Comment les skippers gèrent leur sommeil?

Le sommeil, ou plutôt le manque de sommeil multipliant risques de collision et de chavirage, sera l'ennemi invisible des 91 solitaires de la 10e Route du Rhum, qui prendront dimanche à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) le départ de la célèbre transat en direction de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).

Tous les voiliers sont équipés de pilotes automatiques mais dormir est un luxe que les concurrents s'octroient avec parcimonie car le niveau de la concurrence est élevé et les risques sont permanents. Pour les huit trimarans de la classe Ultime -les bateaux les plus grands (entre 21 et 40 m) et les plus rapides de la flotte- et les multicoques en général, "l'obsession à haute vitesse est le risque d'abordage et surtout de chavirage", confirme le Dr Jean-Yves Chauve, médecin de la course.

"Les périodes de sommeil vont être courtes du fait de ce stress, ajoute-t-il. Un quart d'heure quand tout est sous contrôle, quelques secondes quand la situation est 'limite'. Etant donné que la durée de la course est relativement courte (le record, établi par Lionel Lemonchois en 2006 est de 7 j 17 h 19 min), on peut tenir dans ces conditions jusqu'à l'arrivée".

Hallucinations

Par contre, pour les "petits" (12,18 m) monocoques de Class40, qui ne risquent pas de chavirer, "le rythme est différent", poursuit le Dr Chauve. "Au large, lorsque
le bateau est bien équilibré, des périodes de sommeil d'une heure et demi permettent de bien récupérer et de tenir le rythme pendant trois semaines". Pour le médecin de la course, "la motivation est un élément retardant le besoin de dormir". Mais "l'organisme est capable de passer +par-dessus+ la volonté (...),
si la fatigue engendrée par le manque de sommeil est trop forte. Cela se traduit par des hallucinations qui correspondent à un début d'endormissement involontaire".

Du bruit, du bruit, du bruit....

"Les sommeils +flash+ de quelques secondes sont aussi un moyen de repousser le vrai sommeil, explique-t-il. C'est un peu un +reset+  de l'ordinateur cérébral
qui favorise un lâcher prise instantané très bénéfique." Mais les gens ne sont pas tous égaux face à cet ennemi invisible et "les petits dormeurs sont évidemment favorisés en course au large". Sur les bateaux de course modernes, un autre adversaire, tout aussi redoutable, menace les navigateurs: le bruit. Quiconque a navigué à bord de ces machines de course tout carbone, dépourvues de tout aménagement intérieur, a pu constater qu'elles se transforment en caisses de résonance dès qu'il y un peu de mer. Dans ces tambours flottants, le vacarme est vite insoutenable... "Le bruit a une influence très négative sur une bonne récupération, confirme le
médecin de la course. Nous avons mesuré des niveaux de bruits parfois supérieurs à 120 dB quand le bateau tape dans les vagues. Les casques anti-bruits actifs,
qui éliminent les sons de fréquences basses, peu informatifs (...), sont efficaces. Ils aident à trouver du repos sans avoir le stress de ne plus entendre tout ce
que raconte le bateau vague après vague."
L'actualité "" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Bretagne
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité