Des éleveurs de porcs exaspérés ont exprimé jeudi leur colère face à la faiblesse des cours, au marché au cadran de Plérin (Côtes d'Armor), et ont retenu durant quelques heures une quinzaine d'acheteurs avec lesquels les discussions ont été "houleuses".
Les acheteurs, retenus dans la salle des ventes du marché du porc breton (MPB) de Plérin par une centaine d'éleveurs, ont finalement été "libérés" avant 22h. Des forces de l'ordre étaient présentes sur les lieux. Toute la journée, sur le site du MPB qui sert de référence au plan national, "les discussions ont été houleuses", selon la présidente de la section porcine de la FDSEA 22, Carole Joliff.
Marché bloqué hier
Au cours de la vente, "les éleveurs, très en colère, ont coupé le courant pour protester contre les cours et arrêter le marché", a ajouté Carole Joliff. "Mais les acheteurs ne veulent pas payer plus cher. Ils disent qu'ils ne peuvent pas répercuter les hausses sur leurs propres acheteurs", a-t-elle poursuivi. "Pour les éleveurs, les jours sont comptés car les trésoreries s'effondrent". Les ventes, qui se terminent généralement vers 13h, ont été interrompues ce jeudi et n'ont repris que vers 17h , les cours s'élevant à 1,21 euro le kilo, contre 1,191 euro lors de la précédente cotation, lundi.
Des cours trop bas
Lors d'une action des éleveurs, le 12 février, le préfet des Côtes d'Armor, qui avait reçu une délégation, avait admis qu'il faudrait "un cours à 1,40/1,50 pour que (ces derniers) soient correctement rémunérés". Les cours très bas, qui selon les éleveurs ne permettent pas de couvrir leurs coûts de production, s'expliquent notamment par l'embargo russe sur la viande de porcs, sachant que la Russie représentait, avant l'embargo, le quart des exportations européennes. Autre cause: les salaisonniers et la grande distribution qui s'approvisionnent pour partie à l'étranger pour conforter leurs marges.
"Le Foll ne s'occupe pas de nous"
Le 12 février, les éleveurs avaient obtenu 5 centimes d'augmentation sur le prix au kilo, établi à 1,088 lors de la précédente vente. "On a pris 10 centimes en deux semaines, mais on en a déjà perdu 3 dans le coût des aliments", a déploré jeudi Didier Lucas, président de la FDSEA des Côtes d'Armor. (Le ministre de l'Agriculture, Stéphane) "Le Foll ne s'occupe pas de nous", se sont plaints des éleveurs pendant les discussions. "Les aides qu'il nous accorde, ce sont des aides à l'endettement. On veut des prix, pas des aides, et vivre décemment de notre métier", ont dit des éleveurs.
Le reportage à Plérin (22) de Catherine Bazille et Nathalie Rossignol
Interviews :
- Didier Lucas, président FDSEA 22
- Fabien Laisné, éleveur à Pluduno (22)
- Patrice Drillet, président de la Cooperl
- François Pot, éleveur et administrateur marché du porc breton