Pour toutes les espèces, la séduction passe, entre autre, par la voix. Celle-ci a une portée bien plus grande. Une étude menée par des chercheurs de l'UMR Ethos de Rennes 1, sur les chevaux, a prouvé que voix et fertilité était liées. Les étalons à la voix grave s'avèrent de meilleurs reproducteurs.
"Un partenaire évalue la qualité de l'autre sur la base de sa voix" explique Alban Lemasson, professeur d'éthologie à l'université de Rennes 1 "Mais pourquoi c'est devenu un critère de sélection, en vue de la reproduction, on ne sait pas vraiment" rajoute t-il. Il vient en tout cas de publier un travail de recherche mené sur les chevaux publié par la revue Plos One, démontrant la corrélation entre une voix grave chez les étalons, et la fertilité.Les juments, plus sensibles à la voix grave des étalons
En 2012, les chercheurs collaborent avec trois haras nationaux dont celui de Lamballe, ainsi qu'un centre équestre de la région. Pendant un mois, l'équipe effectue des enregistrements sur quinze étalons. La technique est simple : le cheval est présenté à distance d'une jument. La frustration entraîne un hennissement d'appel, capté par micro. 200 échantillons vocaux ont ainsi été récoltés.Une fois ces enregistrements réalisés, ils ont été présentés à des juments, par le biais d'hauts-parleurs diffusant un hennissement aigu et un autre, grave.
Résultat, les juments tournent la tête, s’approchent et restent plus à proximité du haut parleur diffusant le hennissement grave.
La voix, une manière fiable d'évaluer la fertilité
Les voix des étalons ont été analysées et comparées d’une part à des données de qualité du sperme et aux données (pluriannuelles) de succès de reproduction de l’Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE).
Les résultats ont montré qu’il y avait une corrélation claire entre des paramètres de fréquence acoustique et le succès reproducteur, comme par exemple le nombre de naissances par rapport au nombre d’inséminations. Les étalons avec la voix plus grave présentaient davantage de gestations réussies. Alban Lemasson précise que ces paramètres vocaux se sont révélé plus fiables dans la prédiction de la fertilité, que les spermogrammes.
A termes, ces recherches pourraient s'appliquer sur le terrain, dans les élevages : "à moindre coût car un micro coûte moins cher qu'un spermogramme" explique Alban Lemasson.