Etes-vous pour ou contre le don d'organes après votre mort ? Ce 22 juin, chacun est invité à faire part de son choix à ses proches. Il y a urgence. Malgré une mobilisation en hausse, comme le reste de la France, la Bretagne connaît toujours une situation de pénurie.
En cas de décès, c'est vers vos proches que l'équipe hospitalière se tournera pour savoir si vous étiez opposé ou non au don d'organes."Ceux-ci, déjà bouleversés par la soudaineté de la mort, voient leur souffrance ravivée par la demande de prélèvement d'organes sur un être cher. Un tel désarroi amène plus d'une famille à refuser un tel prélèvement. On peut comprendre une telle souffrance. Celle-ci pourrait être moindre si l'éventualité de prélèvement avait fait l'objet d'une réflexion personnelle et d'échanges en divers lieux, et d'abord au sein de la famille." A l'occasion de la Journée nationale de réflexion sur le don d'organes et la greffe, le 22 juin 2004, l'archevêque de Bordeaux, Mgr Jean-Pierre Ricard écrivait ces lignes, invitant chacun à réfléchir et surtout à faire part de son choix.
80% des Français se disent pour
Même si l'immense majorité des Français (80%) se dit favorable aux dons d'organes, peu d'entre-eux pensent ou osent le dire à leurs proches. C'est donc pour encourager à prendre cette initiative qu'est organisée, chaque 22 juin, une journée de réflexion: pour ou contre le don d'organes et de tissus.Au décès de son fils, Sophie a dû se prononcer...
Il y a quatre ans, Sophie a perdu son fils de 18 ans suite à un accident de moto. De son vivant, le jeune homme avait exprimé son souhait de faire don de ses organes s'il venait à décéder. Sa maman n'a donc pas hésité pour donner son accord.
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Don d'organes: une maman témoigne
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©France 3
Pour Catherine, sa fille Sarah continue de vivre au travers des trois greffés
Confronté à la mort accidentelle de sa fille adoptive Sarah, à l'âge de 7 ans, Catherine Sisqué, une Rennaise, a accepté que le foie et les reins de sa fille soient prélevés. Elle a ainsi l'impression que sa fille "continue à vivre quelque part" ...Campagne de publicité à l'appui, les 16-25 ans sont particulièrement ciblés cette année.
En Bretagne, en 2014, selon l'Agence de Biomédecine, 271 greffes d'organes ont été réalisées alors que 689 personnes ont eu besoin d'une greffe. Même si la mobilisation est en hausse, la pénurie persiste... et se compte en vies perdues. La liste d'attente s'accroît et le décalage entre le nombre d'inscrits et le nombre de greffes effectivement réalisées s'accentue.
Le greffon, si rare et précieux !
Le prélèvement d'organes n'est en effet possible que dans des conditions rares. Comme le rappelle l'Agence de Biomédecine: "L'organe greffé (ou greffon) provient d'une personne décédée en état de mort encéphalique au sein d'un service de réanimation. Ce type de décès est provoqué par l'arrêt définitif du fonctionnement du cerveau, le plus souvent, suite à un accident vasculaire cérébral ou à un traumatisme crânien. Cette situation représente à peine plus de 1% des décès hospitaliers enregistrés en court séjour, évènement rare qui fait du greffon un bien très précieux pour les patients en attente de greffe."Ce que dit la loi et ce qui changera en 2017
En France, depuis 1976 (loi Cavaillet), toute personne majeure est considérée comme consentante au don d'organes et de tissus de son corps dès lors qu'elle n'a pas exprimé de volonté contraire de son vivant. C'est ce que l'on appelle le consentement présumé. Le refus de donner ses organes s'exprime de son vivant, soit en s'inscrivant sur le registre national des refus, tenu par l'Agence de la biomédecine, via ce formulaire à renvoyer par La Poste, soit en témoignant de son opposition auprès de ses proches.Quand une personne décède et que le prélèvement d'organes est possible, l'équipe médicale consulte obligatoirement le registre national des refus.
Si le nom du défunt n'y figure pas, la loi impose à l'équipe médicale d'interroger les proches.
Le 14 avril dernier, l'Assemblée a largement adopté en première lecture un projet de loi sur la santé. A cette occasion, les députés ont réécrit légèrement un article sensible qui renforce le consentement présumé au don d'organes.
Ainsi, à partir de 2017, les proches du défunt seront seulement "informés" par le médecin de la nature du prélèvement envisagé et de sa finalité, et non plus consultés comme c'est le cas jusqu'à présent.
La mise à l'écart des familles suscite une vive opposition des médecins préleveurs et des anesthésistes réanimateurs, mais également de certaines associations de greffés, qui insistent sur la nécessité de convaincre les familles plutôt que leur forcer la main.