Le Congrès de la FNSEA se déroule à Brest du 28 au 30 mars prochain, dans un contexte flou : la présidence du syndicat doit être élue demain, la présidentielle approche et la renégociation de la PAC se profile.
C'est un rendez-vous plutôt attendu par les agriculteurs. La 71e édition du congrès de la FNSEA se déroule ce mercredi, dans un contexte particulier : la nouvelle présidence du syndicat agricole et ses 69 membres doivent être élus ce jour-là, après le décès de Xavier Beulin.
Une élection à enjeux, car le défi qui attend la FNSEA dans les semaines à venir est de taille : renégocier la Politique agricole commune (PAC) en 2020. L'échéance est encore loin, mais la posture à adopter dépend en grande partie du président de la République... qui sera élu dans quelques semaines.
Crises, incertitudes
Depuis quelques mois, les agriculteurs traversent une période difficile, notamment les producteurs de lait. "La crise de 2015-2016 a mis en difficulté un grand nombre de producteurs. Leur lait était acheté à un prix inférieur au coût de production", affirme Catherine Laroche-Dupraz, professeur à Agrocampus Ouest.Lors de la renégociation de la PAC, l'enjeu serait de tenter de mettre en place des "garde-fous", avec plusieurs axes de travail. "Le rôle que doit jouer l'État pose question. Est-ce qu'il ne faudrait pas développer des programmes d'assurance ? Les États ont peu saisi cette opportunité qui est pourtant prévue dans la PAC." Mais l'Europe est aussi une usine à gaz, "un peu toujours en retard par rapport aux aspirations", constate l'enseignante.
La politique s'en mêle
En France, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen proposent, dans leur programme, de s'abstraire de cette PAC. "Certes, l'argent que nous ne donnerons plus à l'Union européenne serait en théorie de nouveau disponible pour le budget national. Mais sera-t-il redistribué convenablement ?" En d'autres termes, "la PAC assurait que l'enveloppe soit consacrée au domaine de l'agriculture, ce qui ne sera peut-être pas le cas autrement", nuance Mme Laroche-Dupraz.L'euroscepticisme s'est déjà concrétisé outre-Manche avec le vote en faveur du Brexit. Une sortie de l'Union européenne qui pénalisera les Britanniques eux-mêmes, et qui aura "forcément des conséquences" sur le reste de l'Europe. En 2015, le Royaume-Uni contribuait au budget européen à hauteur de 10,6 milliards (soit 8 % du total). Cette somme constituera donc un manque à gagner pour l'Union et donc pour la PAC.
Le décryptage éco. Le Brexit, c'est parti !
Theresa May doit encore envoyer sa lettre à l'union européenne. D'ici à la fin du mois, dit-on, sans doute après les élections néerlandaises de demain et les 60 du traité de Rome dans 10 jours. Mais les choses sérieuses commencent bien maintenant entre le Royaume uni et l'Union européenne avec une inconnue.