Dans un premier bilan, le CEVA (centre d’études et de valorisation des algues) évoque une prolifération très importante des algues vertes cette année 2021. La douceur du printemps serait en cause, mais elle n’explique pas tout.
"Depuis 2002, a expliqué Sylvain Ballu, chef de projet surveillance au Ceva à l’AFP, le Ceva réalise un vol de surveillance chaque mois entre avril et octobre, à marée basse et par grand coefficient de marées. Les premières observations ont montré une prolifération très supérieure aux autres années. +40% ou +50% par rapport à la moyenne pluri-annuelle".
Les baies des Côtes d'Armor, celle de la Fresnaye et celle de Saint-Brieuc ont concentré les trois quarts des échouages d'algues vertes note le Ceva.
C’est là, dans de l’eau peu profonde que les algues vertes se plaisent et se développent grâce à la lumière et aux nitrates, issus de l’agriculture, apportés par les cours d’eau.
Le bonheur des unes fait le malheur des autres
Cette année 2021, tout s’est combiné pur favoriser leur croissance. Un ensoleillement exceptionnel en avril. Puis des orages de juin pour nourrir en azote les algues au moment où elles en avaient le plus besoin pour proliférer. " A cette période, les débits de certains cours d'eau ont été multipliés par dix ou par quinze" a souligné Sylvain Ballu.
"On avait des algues vertes en mars, on en avait même en décembre" fulmine André Ollivro, du collectif Halte aux marées vertes." Cette année, c’est clair, il y a eu des algues. On a eu plusieurs plages fermées."
Par contre, remarque le Ceva, les baies finistériennes de Douarnenez et de Concarneau qui avaient été nettoyées par les tempêtes hivernales, ont été moins touchées.
Des améliorations qui tardent
Sylvain Ballu note que les cours d'eau bretons ont connu "des améliorations substantielles" depuis plusieurs années avec des concentrations d'azote parfois "divisées par deux". Mais cela reste insuffisant pour empêcher la formation de marées vertes quand les conditions météorologiques sont défavorables.
"En 2 000, il y avait 500 cochons au kilomètre carré en Bretagne, aujourd’hui dans le Penthièvre, il y en a 3 700 ! C’est ça le scandale" s'agace André Ollivro.
Cet été, la Cour des comptes a fustigé l’inefficacité des plans algues vertes. "On observe que la dynamique de mobilisation des agriculteurs s'est essoufflée dans la plupart des bassins versants. Ainsi, la pression d'azote épandu stagne depuis 2015", écrivent les magistrats qui rappellent que "l'azote (nitrates) présent dans les baies est à plus de 90 % d'origine agricole".
"Il faut rendre le plan obligatoire sur toute la Bretagne, ne cesse de répéter André Ollivro, pas seulement dans les baies. Et il faut qu’on aide les agriculteurs à se convertir dans une autre agriculture. Les plus anciens ne peuvent pas changer de modèle parce qu’ils sont endettés, et bien qu’on crée un crédit spécifique Dette paysanne pour éponger leurs finances et qu’ils puissent faire autrement. Et les plus jeunes, il faut les former à des pratiques plus responsables de l’environnement."
"Ca fait des années qu’on dit qu’il faut faire quelque chose, enrage André Ollivro, un jour, il va falloir que ça change ! "
Ce 17 septembre, le collectif Extinction Rebellion appelle à un rassemblement à 12h30 à Saint- Brieuc contre le scandale des algues vertes.