Algues vertes. "Mieux redistribuer les aides de la PAC et fixer des objectifs clairs", selon la Cour des comptes

"Lutter contre les algues vertes, ce n'est pas une question de moyens, c'est une question d'orientation des crédits," a déclaré Annie Podeur de la Cour des comptes ce mardi 20 juillet, sur la plage de Saint-Michel-en-Grève. Tous les acteurs du dossier dénoncent le manque d'ambition de l'Etat.

C’est l’endroit où les officiels viennent pour communiquer sur les algues vertes. La lieue de Grève, autrement dit la plage de Saint-Michel-en-Grève près de Lannion. Là-même où Loïg Chesnais-Girard avait fait un de ses ultimes déplacements lors de la campagne des régionales en juin dernier. Il y avait alors déclaré "On ne peut pas dire que la Bretagne est couverte d’algues vertes" sur une plage désertée par les ulves ce jour-là.

Le budget de lutte contre les algues vertes, une goutte d'eau au regard des aides totales de la PAC

Il faut dire que c’est sur ce bassin versant que les efforts financiers ont été les plus forts en matière de lutte contre les algues vertes avec 101 €/ha d’aides à l’agriculture contre 37 €/ha sur les bassins de la baie de Saint-Brieuc ou de Guisseny dans le Finistère.
A titre de comparaison, en Bretagne, le montant moyen des aides distribuées aux agriculteurs pour la lutte contre les algues vertes s’élève à 53€/ha. Une goutte d’eau au regard des 380 €/ha d’aides redistribuées via le premier pilier de la PAC (politique agricole commune), comme le montre ce récapitulatif des principaux chiffres issu du rapport de la Cour des comptes.

C’est donc ici, dans cette petite commune des Côtes d’Armor, que sont venus les officiels de la Cour des comptes pour présenter leur rapport, sorti le 2 juillet dernier, évaluant la politique publique de lutte contre la prolifération des algues vertes.

Les moyens mis en œuvre par l’Etat sont insuffisants et les objectifs trop flous

Et le constat est unanime tant du côté des magistrats de la Cour des comptes, que du côté de la chambre régionale d’agriculture ou des associations environnementales. Tous ont participé au comité d’accompagnement de ce rapport et le disent haut et fort : "Les moyens mis en œuvre par l’Etat sont insuffisants et les objectifs trop flous en matière de lutte contre les algues vertes."

Mieux utiliser les aides de la PAC

"Il faut s’efforcer d’utiliser mieux les crédits de la PAC pour inciter les agriculteurs à prendre des risques et à s’engager dans une transition écologique, a rappelé Annie Podeur, présidente de la deuxième Chambre de la Cour des comptes, ce mardi 20 juillet, sur la plage de Saint-Michel-en-Grève. Il faut que cette démarche soit accompagnée par les pouvoirs publics car les agriculteurs ne peuvent pas être seuls."

En effet, si les fonds d’aides de la PAC sont attribués par l’Europe, leur utilisation reste une décision de chaque état. C’est donc bien le gouvernement français qui a les cartes en mains pour choisir l’orientation agricole du pays.

L'éco-conditionnalité

A titre d’exemple, Annie Podeur avance la notion d’éco-conditionnalité pour l’agriculture : "Vous êtes accompagnés en subventions si vous vous engagez et si vous produisez des résultats."

Dans son rapport, la Cour des comptes souligne que les travaux scientifiques montrent que seule une action sur l'azote peut permettre de limiter ce phénomène et que l'azote (nitrates) présent dans les baies est à plus de 90% d'origine agricole.

Un constat unanime

Sophie Bergogne, présidente de la Chambre régionale des comptes de Bretagne, confirme que tous les membres du comité d’accompagnement partageaient ce constat. "Tout le monde était d’accord pour dire que la lutte contre les algues vertes doit passer par un changement dans les pratiques culturales et un changement dans le système agricole."

"Des objectifs plus réalistes et plus mesurables doivent être fixés, poursuit-elle. Enfin, un véritable changement d’orientation des pratiques agricoles ne pourra pas se faire sans contrôles sur les exploitations qui bénéficient des aides."
Or entre 2010 et 2018, le contrôles ont diminué de 73% en Bretagne et la moitié des exploitations contrôlées n’était pas aux normes.

"Aux politiques de s’emparer de nos recommandations"

"S’il y a des incitations financières, on ne peut pas ne pas avoir de contrôles", conclut rappelé Annie Podeur, présidente de la deuxième Chambre de la Cour des comptes.

"L’intérêt de ce comité était de faire en sorte que tout le monde se parle, note Sophie Bergogne. C’est aux professionnels et aux politiques de s’emparer de nos recommandations et de les décliner en mesures à prendre concrètement. On recommande un coup d'accélérateur."

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