François Gabart vient de réaliser l'exploit de réaliser le tour du monde en solitaire à la voile en 42 jours. Au lendemain de son arrivée, les spécialistes s'accordent à dire que dans les années à venir, des marins d'exception pourront aller encore plus vite.
Il y a trente ans, on se demandait si il était possible de faire le tour du monde à la voile en moins de 80 jours. Depuis, les bateaux et les marins ont bousculé toutes les prévisions et raccourcis de près de moitié le temps de navigation.
En 1993, Bruno Peyron et son équipage font le tour de la planête en 79 jours. 24 ans plus tard, Francis Joyon et ses cinq équipiers deviennent les marins les plus rapides avec un record à 40 jours, 23h et 30 minutes. En décembre 2017, seul sur son trimaran, François Gabart frôle l'exploit absolu avec un temps final supérieur de seulement deux petits jours sur le record de Joyon.
Il aurait pu battre notre record et ça va finir par arriver (Bernard Stamm)
Présent à Brest lors de l'arrivée de François Gabart, Bernard Stamm, l'un des équipiers de Francis Joyon lors du dernier trophée Jules Verne est formel: "Il a fait preuve d'une belle maitrise sur l'ensemble du tour. Maintenant on voit que les bateaux ont pas mal évolué, qu'ils sont capables de tenir des moyennes élévées sans beaucoup de voiles...Dans l'Indien et la première partie du Pacifique, si on fait une ligne droite avec la vitesse qu'il avait, il battait notre record, et ça va finir par arriver."
Des bateaux qui rattrapent le système météo
Même analyse pour Thomas Coville qui a été le premier à descendre sous la barre des 50 jours. "Ces nouveaux bateaux permettent d'aller plus vite que le temps qu'il fait, de rattraper le système météo qui est devant. C'est ça la grande révolution...Ce qu'a réussi François, c'est d'aller plus vite que le système..On est en train de créer une nouvelle histoire. Le fait que les records tombent sert notre sport. Lors de la course autour du monde des ultimes en 2019, le vainqueur sera très certainement dans les temps de François. Et on fera bientôt le tour du monde en moins de 40 jours."
Bientôt on volera autour du monde (François Gabart)
Aller plus vite encore, c'est aussi l'avis des concepteurs de ces maxi trimarans pour qui l'évolution est inéluctable avec les progrès technologiques de ces bateaux. Les trimarans sont plus légers et plus puissants. Les pilotes automatiques sont plus précis pour une meilleure navigation. Sans compter les foils, ces appendices de carbone qui vont soulever les bateaux, qui sont de plus en plus performants. Pour Vincent Lauriot-Prévost, l’architecte de la monture de François Gabart, "on est dans un instant où il y a une sorte de rupture dans la conception des bateaux. On faisait des trimarans, des catamarans qui s'appuyaient sur des coques. Après, on les a soulagés un peu avec des foils. Maintenant, on les soulage de plus en plus voire complétement".
Autrement dit, il s'agit de les faire voler au-dessus de l’eau pour leur faire gagner de la vitesse. François Gabart reconnait avoir volé par moments sur l'eau mais pas tout le temps. "Bientôt on volera autour du monde et c'est là, dans pas longtemps. Le prochain va en baver aussi, mais il va battre ce record, j'en suis persuadé."