Depuis des années, ils demandent à passer le bac de maths en breton. Avec l'annulation des épreuves écrites, liée à l'épidémie de Covid-19, ils ont pu valider toutes les matières dans leur langue d'apprentissage. Mais ils restent mobilisés, ils s'estiment perdants dans la réforme du bac.
"Gourc’hemennoù d’an holl Dermenidi", "Bravo à tous nos bacheliers" peut-on lire sur la page Facebook du lycée Diwan à Carhaix.
Publiée par Lise Diwan Ofisiel sur Vendredi 10 juillet 2020
L’établissement se félicite cette année de 100% de réussite baccalauréat. Avec le contexte particulier dans lequel s’est déroulé l’examen, basé sur le contrôle continu - le Covid-19 entrainant l’annulation des épreuves écrites - le taux de réussite sur toute la France est particulièrement élevé. Près de 96%. Mais le lycée Diwan enregistre déjà des taux de réussite supérieurs à la moyenne en temps normal.
Toutes les épreuves passées en breton
Cette année, ce ne sont pas tant des bons résultats au bac dont les lycéens sont fiers, mais du fait qu’ils aient pu passer l’examen entièrement en breton, pour la toute première fois. "C'est ce que nous demandons depuis longtemps, détaille Aziliz Peaudecerf, secrétaire de l'association Bak e Brezhoneg, donc nous sommes statisfaits. Même s'il est difficile de se réjouir dans ce contexte, vu ce qu'il se passe dans le monde". "Nous sommes dans un entre-deux, car l'on sait que les élèves ne pourront sans doute pas en faire autant l'année prochaine", poursuit-elle.
Au lycée Diwan de Carhaix, toutes les matières sont enseignées en breton. Les élèves demandent depuis quelques années déjà, le droit de rédiger leur épreuve de mathématiques dans leur langue d'apprentissage, comme le font depuis 2012, les lycéens bascophones qui suivent le même modèle d’enseignement par immersion.
Jusqu’à la réforme du bac, seules les épreuves d’Histoire-Géographie pouvaient être rédigées en langue régionale. Face aux refus répétés du rectorat, une poignée d’élèves brittophones ont, ces dernières années, bravé l’interdit et rendu leurs copies de maths en breton au bac, prenant le risque de ne pas être, ou seulement partiellement, corrigés.
"Perdants" avec la réforme du bac
Avec la réforme du bac, la donne a changé. "Nous sommes perdants dans cette réforme", annoncent les membres de l'association Bak e Brezhoneg dans un post publié sur les réseaux sociaux, le 26 juin dernier. Certes, les élèves de Diwan seront évalués au cours de l'année, sur des devoirs réalisés en breton, ce qui représentera environ 40% de la note finale à l'examen. Mais en ce qui concerne les "évaluations communes", ils dénoncent un pas en arrière. En effet, l’épreuve d’Histoire-Géographie, qu’ils pouvaient jusqu’à présent composer en breton, devra désormais être rédigée en français.
Ar blez-mañ eo bet nullet arnodenn dre skrid ar bak a-gaoz d’ar c’hKovid19, ha sañset eo ar sizhun-mañ sizhun an dre...
Publiée par Bak e Brezhoneg sur Vendredi 26 juin 2020
"Ces épreuves écrites ont un côté officiel, elles sont importantes dans notre parcours de lycéens et témoignent du travail effectué dans l'année. A ce titre, nous pensons qu'elles doivent aussi attester du fait que nous avons effectué notre scolarité en langue bretonne", explique Aziliz Peaudecerf. Ainsi pour l'année prochaine, la tâche s'alourdit pour l'association. En plus de demander le droit de rédiger les épreuves de maths en breton, Bak e brezhoneg se battra pour le retour des épreuves d'Histoire-Géographie dans la langue régionale.
Soutien aux élèves de filières bilingues
Et ce n'est pas tout. Les élèves inscrits dans les filières bilingues dans le secteur public et privé, pâtissent aussi de cette réforme. S'ils pouvaient auparavant présenter le breton comme LVB (anciennement LV2), le nouveau bac ne leur permet aujourd'hui que passer cette langue en option, LVC (anciennement LV3), avec un coefficient bien inférieur. "Nous ne sommes pas concernés par ce changement à Diwan, précise Aziliz Peaudecerf. Mais, avec l'association Bak e Brehzoneg, nous sommes prêts à aider et soutenir tout le monde. Nous sommes en contact avec des élèves des filières bilingues et nous allons nous battre à leurs côtés".