En contrepartie de l'annonce de la baisse des APL, le gouvernement demande aux bailleurs sociaux de baisser d'autant leurs loyers. De quoi les inquiéter.
Manifestations, lettre ouverte de la maire de Rennes au Président de la République, coup de gueule du président de Brest-Métropole habitat... Le gouvernement ne fait pas que des heureux en s'attaquant aux APL. L'annonce : baisser de 60 euros en moyenne les APL des personnes résidant en HLM et demander aux organismes de baisser d'autant les loyers."Les organismes qui font le plus correctement possible leurs missions, voilà qu'ils sont pénalisés", se plaint Marcel Rogemont, président de l'Association Régionale des Organismes (ARO) de Bretagne. "On construit chaque année 5 000 logements locatifs. On n'en construira plus que 1 500. Ce sont 3 500 logements qui ne seraient pas construits" avec une telle mesure.
Projet de loi de finances : un danger supplémentaire ?
En Bretagne, 57 % des ménages vivant en HLM bénéficient des APL. Cette baisse de loyers ferait perdre 70 millions d'euros aux bailleurs sociaux.
Le projet de loi de finances pourrait encore aggraver la situation : en Bretagne, les zones où les prêts à taux zéro et où le dispositif Pinel pour l'investissement locatif s'appliquait vont diminuer, ce qui provoquera une baisse du nombre de constructions et un impact pour l'emploi. "Il y aura de 5 000 à 7 000 logements en moins en Bretagne, c'est-à-dire un impact entre 5 000 et 15 000 salariés en moins en Bretagne", alerte Hugues Vanel, président de la Fédération française du Bâtiment de Bretagne.
En contrepartie de l'annonce de la baisse des APL, le gouvernement souhaite mettre à contribution les bailleurs sociaux. Il leur demande de baisser d'autant leurs loyers. De quoi inquiéter les bailleurs sociaux.
Reportage : S. Breton / J.-M. Piron.
La présidente d'Archipel Habitat et maire de Rennes Nathalie Appéré a de son côté envoyé une lettre à tous les locataires d'Archipel Habitat. Elle y dénonce une mesure "injuste" qui "vise exclusivement les personnes logées dans le parc social et marque ainsi une vraie rupture d'égalité au sein de la population". Interrogée par Ouest-France, la directrice générale d'Archipel Habitat Cécile Bélard du Plantys confirme : "Dès 2021, nous serons dans le rouge, incapables d'assurer nos missions de gestion courante."