Bécassine souffle ses 111 bougies avec un nouvel album, "Les vacances de Bécassine", qui sort le 19 octobre, ainsi qu'un film qui sera tourné l'été prochain par Bruno Podalydès. La bonne a connu un succès grandissant qui n'a pas toujours plu aux Bretons.
Bécassine, la jeune fille simplette au grand cœur, reprend du service à 111 ans : un album, Les vacances de Bécassine, sort le 19 octobre chez Gautier-Languereau, suivi d'un film, qui sera tourné l'été prochain par Bruno Podalydès.
"C'est le début de nouvelles aventures", a indiqué Brigitte Leblanc, directrice éditoriale chez Gautier-Languereau, évoquant d'autres albums, lors d'une conférence de presse lundi.
Voyage en Provence
Pour cette nouvelle aventure, le scénariste Corbeyran ("Le Chant des Stryges") a choisi de "donner à Bécassine une partie de [son] enfance" en la faisant voyager en Provence, où il passait ses vacances. Le dessinateur Béja a épousé le style des albums historiques, en gardant le mode du récit, mais l'a modernisé en introduisant des bulles et en apurant le dessin."Joseph Pinchon préfigure avec Bécassine la ligne claire, j'ai trouvé judicieux d'aller jusqu'au bout", affirme-t-il. Béja a aussi féminisé la jeune bonne un peu pataude, en l'affinant et en lui donnant du mouvement : c'est une Bécassine virevoltante qui découvre la pétanque. "C'est la première héroïne de BD, ce n'est pas Tintin ou les Pieds Nickelés, pour moi il était essentiel que ce soit une fille", ajoute-t-il.
Au cinéma
Peu familier de Bécassine, le cinéaste Bruno Podalydès a "adoré" le personnage lorsque la productrice Clémentine Dabadie lui a soumis un scénario en vue de faire un long métrage.Le réalisateur a choisi d'écrire lui-même le scénario de son film, dont le tournage est prévu cet été. "Une actrice inconnue" campera Bécassine, avec "un joli casting", selon Clémentine Dabadie, co-productrice avec Why Not production.
Succès croissant
Bécassine est née en 1905 dans la revue "La Semaine de Suzette" d'après un scénario de sa directrice de rédaction, Jacqueline Rivière, appelée à la rescousse pour remplir une page vide du magazine. Dans l'urgence, elle brode sur les bévues de sa petite bonne. Joseph Pinchon, dessinateur, peintre et directeur artistique de l'opéra crée le personnage.Bécassine prend une place croissante dans l'hebdomadaire jusqu'en 1913, où Maurice Languereau lui-même prend en main le personnage sous le pseudo de Caumery. Suivront une trentaine d'albums, dont le dernier en 1992, lorsque Hachette reprend la maison Gautier-Languereau et retrouve des planches, publiées sous le titre "Bécassine au studio".
Mal vue en Bretagne
La petite bonne est devenue, au fil des ans, un personnage très populaire en France, avec de nombreuses déclinaisons marketing (poupées, figurines, etc.). Toutefois, les Bretons n'appréciaient guère l'image passablement rétrograde donnée de leur région.Quand Chantal Goya faisait un carton avec sa chanson "Bécassine, c'est ma cousine" (1979), le chanteur et guitariste breton Dan Ar Braz proclamait à rebrousse-poil "Bécassine, ce n'est pas ma cousine !"
Reportage réalisé en février 2015. Récit : C. Jauneau.
Récit : C. Jauneau
Interview de Didier Guivarc'h, historien.