Selon une étude issue de l'Institut de Veille Sanitaire (INVS), la Bretagne est la région présentant le plus de patients hospitalisés pour troubles dépressifs entre 2010 et 2014.
Entre 2010 et 2014, en France, près de 1,7 millions de patients ont été pris en charge dans les établissements ayant une activité en psychiatrie pour un trouble dépressif et près de 447 000 pour un trouble bipolaire.
Des taux de prises en charge bien supérieurs en Bretagne
En tête des régions les plus touchées, la Bretagne présente des taux de prise en charge largement au-dessus de la moyenne nationale.En 2014, les taux de prise en charge pour des troubles dépressifs étaient de 564,8 pour 100 000 personnes, plus élevés chez les femmes (698,3 contre 421,5 chez les hommes). Des taux qui ont peu varié entre 2010 et 2014.
Ils sont de 890,8 pour les Bretonnes soit 27,5% de plus qu'au niveau national et 570,8 pour les Bretons, soit 35,4% de plus.
Même constat pour les troubles bipolaires. En 2014, les taux de prise en charge étaient de 157,1 pour 100 000 personnes (190,3 chez les femmes et 120,8 chez les hommes) avec une augmentation annuelle de 2,6% chez les hommes et de 3,4% chez les femmes entre 2010 et 2014.
Là aussi, la Bretagne se situe dans le trio de tête des régions les plus touchées. Le taux de prise en charge pour les femmes est de 249,6 soit 21,2% de plus qu'au niveau national et de 157,4 pour les hommes soit 30,3% de plus que la moyenne nationale.
Pourquoi des taux aussi élevés en Bretagne?
Dans une interview accordée au Huffington Post, le professeur Dominique Drapier, chef du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie adulte à Rennes, précise que "ces chiffres s'expliquent par le fait qu'en Bretagne, le taux de recours à l'hospitalisation sous contrainte est très important. Il est même devenu habituel dans une région qui souffre intensément de désertification médicale."Le professeur explique également que l'ARS (Agence Régionale de Santé) ne favorise pas les nombreuses alternatives à l'hospitalisation qui existent telles "l'hospitalisation de jour, les habitats regroupés, les foyers pour patients, la prise en charge à domicile, des solutions pour lesquelles il n'y a pas d'appels d'offre".
Un problème majeur de santé publique
Pour les troubles dépressifs comme pour les troubles bipolaires, l'étude précise que les taux les plus élevés se trouvent chez les hommes et les femmes âgés de 50 à 54 ans. L'étude ajoute en conclusion que ces résultats soulignent "l’importance de poursuivre la surveillance et la mise en place de stratégies de prévention des troubles de l’humeur, qui constituent un problème majeur de santé publique".