L'Observatoire national du suicide a remis, ce mardi, son deuxième rapport à la ministre de la Santé. En Bretagne, la mortalité par suicide est de 65% supérieure au taux national. Cette surmortalité est surtout criante chez les hommes et dans les Côtes-d'Armor. Des chiffres préoccupants.
« Le suicide, c’est un drame de santé publique. (...) Ce sont des vies brisées, des familles endeuillées, des professionnels de santé souvent désemparés. C’est une société qui s’interroge, aussi, sur sa part de responsabilité. Le suicide est peut-être l’acte individuel le plus absolu, mais il est aussi révélateur d’un échec collectif. Charge à nous de le comprendre, de « s’élever au-dessus des suicides particuliers et apercevoir ce qui fait leur unité » comme le disait Emile Durkheim. Charge à nous d’agir ».
C'est en ces termes que la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits de la Femme, Marisol Touraine, a accueilli, ce mardi, le deuxième rapport rendu par l'Observatoire national du suicide.
Concernant la Bretagne, il y a apparaît qu'en 2012, 822 personnes sont décédées par suicide, soit un taux brut de mortalité par suicide de 25,3 pour 100 000 habitants. La mortalité par suicide y est de 65% supérieure au taux national.
3 fois plus d'hommes que de femmes
Ces décès concernent 623 hommes et 199 femmes. Comme le montre le graphique ci-dessous, c'est dans la tranche d'âges des 40-44 ans que le nombre de décès par suicide est le plus important. Chez les hommes, le taux de suicide augmente avec l'âge, ce qui est beaucoup moins flagrant chez les femmes.Comparée à la mortalité par suicide sur l'ensemble de la France, la Bretagne présente une surmortalité de 65% (+63% chez les hommes et +61% chez les femmes). C'est particulièrement criant dans les Côtes-d'Armor avec un taux de suicide de 30 % alors que la moyenne nationale s'élève à 15%.
Taux de mortalité par suicide, selon le département
- Côtes-d'Armor: 30,5%- Morbihan: 26,4%
- Finistère: 25,1%
- Ille-et-Vilaine: 20,4%
- France entière: 15,1%
Modes de suicide
Chez les hommes comme les femmes, la pendaison est le mode de suicide le plus souvent utilisé (presque deux tiers des hommes décédés et presque la moitié des femmes). Chez les femmes, les deuxièmes et troisièmes moyens sont l'auto-intoxication médicamenteuse puis la noyade. chez l'homme, le deuxième mode de suicide est l'utilisation d'armes à feu.T.S.: +50% en Bretagne
En 2013, 5 644 Bretons ont eu recours à 6 590 séjours hospitaliers pour tentative de suicide. Le taux d'hospitalisation pour TS des Bretons est de 50% supérieur au taux national. Cette fois, les femmes sont les plus concernées. Chez elles, l'étude met en évidence deux périodes particulièrement à risque: d'abord chez les jeunes-filles de 15 à 19 ans (ce qui se retrouve partout en France) et, plus rarement observé dans les autres régions, un deuxième pic chez les femmes de 45-49 ans.Actions de prévention: les agriculteurs ciblés
Le rapport, remis ce mardi, s’attache aussi à mettre en lumière les données et les actions de prévention. La Mutualité sociale agricole prépare actuellement un plan de prévention du suicide sur la période 2016-2020. Selon le document, des personnels et des élus de la MSA sont formés par des partenaires spécialisés dans la prévention. "Les MSA mobilisent également des personnes non spécialisées (les sentinelles) dans la gestion de la crise suicidaire. Ce qui semble permettre de repérer des hommes en risque suicidaire".Lire aussi: Le suicide des agriculteurs : témoignageC'est en Bretagne