La construction du premier ferry transmanche propulsé au gaz naturel liquéfié, déjà retardée de plusieurs mois, ne reprendra pas au chantier allemand FSG, en faillite depuis avril. La Brittany Ferries vient de rompre le contrat qui les liait. L’avenir du navire est flou.
Que va devenir le ferry de 187 mètres, dont la construction est achevée "à 85%" d’après Jean-Marc Roué, président du conseil de surveillance de Brittany Ferries ? La compagnie et la Sas Somanor (Société par actions simplifiée) ont en tout cas rompu, mercredi 17 juin, le contrat qui les liait au chantier naval Flensburger Schiffbau Gesellschaft, qui avait déposé le bilan fin avril, en pleine épidémie de Coronavirus.
"La Somanor, SAS réunissant la Région Normandie, les Départements du Calvados et de la Manche, et la Compagnie Brittany Ferries ont confirmé la résiliation du contrat de construction du ferry « Le Honfleur » les liant au chantier Flensburger Schiffbau-Gesellschaft (FSG)", détaille un communiqué de presse.
"La Somanor et Brittany Ferries, commanditaires du Honfleur, ont reconnu avoir perdu confiance dans la capacité du chantier à terminer le navire dans un délai raisonnable."
Mise à l’eau en décembre 2018
Le ferry, propulsé au gaz naturel liquéfié, GNL, devait remplacer le Normandie sur la ligne Caen-Ouistreham / Portsmouth, en juillet 2019. Le chantier, situé à Flensbourg, près de la frontière germano-danoise, avait mis la coque du navire à l’eau en décembre 2018 après 8 mois de travaux.
La mise à l’eau du Honfleur, le futur navire GNL de Brittany Ferries ! pic.twitter.com/dtGdWlJ1mr
— Brittany Ferries (@bferriescorpo) December 14, 2018
Depuis, le chantier, dont le coût de départ était estimé à 180 millions d’euros, a pris énormément de retard. "La livraison du navire a été repoussée plusieurs fois en raison de problèmes financiers persistants rencontrés par la direction du chantier naval", ajoute le communiqué.
Le navire prévoyait d’embarquer 1680 passagers entre la Normandie et le sud de l’Angleterre. Son mode de propulsion au gaz naturel liquéfié, est encore peu répandu pour le transport naval, et devait préfigurer le renouvellement de la flotte, alors que se profilent de nouvelles normes d’émissions de particules polluantes dans l’air.
Au moment de la mise à l’eau, les commanditaires du chantier revendiquaient une suppression quasi totale des émissions de soufre, mais également d'oxydes d'azotes (NOx). La propulsion au GNL devait également réduire de 20 à 25% les émissions de dioxyde de carbone (CO2).
Abandon ou nouveau chantier
Impossible aujourd’hui de savoir, auprès de la compagnie, si le projet de navire est bel et bien abandonné ou si un nouveau chantier se verra confier l’achèvement des travaux.
La compagnie maritime bretonne, basée à Roscoff dans le Finistère, accuse en tout cas un nouveau coup dur avec cette rupture de contrat, qui vient s’ajouter aux conséquences du Brexit sur le trafic entre le Royaume-Uni et l’Europe (France et Espagne) et à la longue fermeture des frontières consécutive à la pandémie de Coronavirus.