Les fabricants de sandwichs La Toque Angevine et le breton Daunat ont été sanctionnés par l'Autorité de la concurrence. Avec Roland Monterrat, ils s'étaient entendus sur leurs prix de vente aux grands distributeurs, faussant le jeu de la concurrence. Une pratique qui pénalise le consommateur.
Daunat, le géant breton basé près de Guingamp, écope d'une amende de neuf millions d'euros. La Toque Angevine devra, lui, débourser 15,5 millions d'euros. Entre 2010 et 2016, ils se sont répartis des volumes, des prix, des clients, vendus sous marque de distributeurs.
Une pratique illégale et poursuivie par l'Autorité de la Concurrence, pour lesquelles les industriels riquent de fortes amendes, et qui pourtant ne sont pas rares.
Olivier Dauvers est un journaliste expert des questions de consommation et du secteur de la grande distribution. Il nous explique le principe de l'entente commerciale et le préjudice subi par les consommateurs.
Y a-t-il un préjudice pour le consommateur avec ce type d’entente ?
Le principe d’une entente, c’est qu’au final le consommateur finit par payer plus cher ce qu’il aurait pu avoir moins cher.
Dès lors que des industriels s’entendent pour vendre aux distributeurs à un prix supérieur à ce qu’ils pourraient faire en bout de chaîne, le consommateur paiera lui aussi plus que ce qu’il aurait dû payer.
Les ententes se font toujours sur le dos du consommateur. C’est un principe, pour le coup, qui est intangible.
Y a-t-il un préjudice d’image pour l’entreprise qui a triché ? Le consommateur lui en tient-il rigueur ?
Sur les exemples récents que l’on a eu de cartels, ça fait durant quelques jours la Une de l’actualité. Mais essentiellement dans le monde professionnel.
Les dégâts d’image pour les marques sont en général assez faibles sur le long terme.
Par contre, les amendes qu’elles doivent payer sont en général assez élevées parce que ce ne sont pas des centaines de milliers d’euros mais des millions d’euros. C’est parfois allé jusqu’à des dizaines de millions d’euros dans le cas d’ententes sur les lessives, il y a quelques années.
La première conséquence pour les marques, c’est une sanction au porte-monnaie qui est en général très élevée et qui est dissuasive pour recommencer.
Ces ententes, est-ce une pratique courante ?
Ce n’est pas la première fois que l’on voit la révélation d’une pratique d’entente. Et ce n’est pas la première fois que c’est l’un de ceux qui a participé à l’entente qui dénonce la pratique commune pour ne pas avoir d’amende.
C’est ce qu’on appelle le plaider coupable. En gros, celui qui dénonce l’entente à laquelle il a pourtant participé… eh bien, il ne sera pas condamné financièrement.
Ces dernières années, chaque fois que des affaires d’entente sortent, c’est parce qu’il y a l’un des protagonistes qui est allé voir les autorités et qui a fait amende honorable pour éviter l’amende pécuniaire.
Et c’est peut-être ça la plus grande incitation à la révélation des cas d’entente : le premier qui la dénonce n’a pas de peine.