Les petites billes noires sur les terrains synthétiques, c'est terminé. La commission européenne les a interdites et exhorte les collectivités à les remplacer. En Bretagne, certaines communes viennent de les installer.
A Ploërmel dans le Morbihan, le terrain de foot a été inauguré en 2020. "Il a fait du bien à Ploërmel, explique le maire Patrick Le Diffon, les équipes avaient du mal à tourner en hiver, les terrains étaient détrempés et depuis la pose du synthétique, c'est plus facile." Sauf qu'il contient du sable et de l’Ethylène-Propylène-DièneMonomère (EPDM), issus du recyclage de pneus. Et que l'Europe a acté l'interdiction des terrains synthétiques.
Car le matériau utilisé, des billes de plastique, dont la seule fonction est de donner de l’élasticité au terrain, diffuse des microplastiques indestructibles dans l'environnement. Et selon la Commission européenne, ces microplastiques se retrouvent dans les écosystèmes, l’eau potable et la chaîne alimentaire.
Huit ans pour changer
Concrètement, les collectivités ont jusqu’en 2031 pour se mettre en conformité. Le maire de Ploërmel a décidé d'attendre, pour des "raisons budgétaires et techniques", dit-il. Car il ne sait pas encore ce qu'il faudra rééllement changer. Plusieurs scénarios sont à l'étude. Les élus envisagent d'enlever le granulat et le remplacer par un nouveau remplissage, sans toucher au sable de lestage. Mais pas sûr que ce soit possible : "Changer le granulat, revient à un changement de revêtement, explique Patrick Le Diffon, donc on n'est pas pressé, car changer de granulat revient pour la Fédération Française de Football à un changement de revêtement, qui nécessite un nouveau contrôle par un laboratoire agréé, etc." A Ploërmel, le terrain avait coûté plus d'un million d'euros en 2020. Il en faudra au moins la moitié pour mettre le terrain aux normes européennes, estime le maire.
En Bretagne près de 10% des terrains ont des pelouses synthétiques...
Dans une interview accordée à la Gazette des communes, Michel Raviart, président de la Commission des terrains et installations sportives de la Fédération Française de Football, précise : " Sur les 24 600 terrains de grand jeu homologués par la FFF, 13 % sont des synthétiques. " Soit 3 200 équipements qui, dans neuf cas sur dix, renferment des polymères de caoutchouc. En Bretagne, le terrain en synthétique représente près de 10% des terrains, selon la Ligue de Bretagne de football.
... Mais il y a pelouse synthétique et pelouse synthétique
Certaines communes ont déjà opté pour des terrains synthétiques "nouvelle génération". A Montauban-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, par exemple, le nouveau terrain synthétique a été mis en service fin 2022, il est conçu à base de liège et de sable. Il a coûté un peu plus d'un million d'euros. A Landivisiau dans le Finistère, le terrain sera également en liège, 100% cette fois. Il sera livré début 2024, le budget est de 1,4 million d'euros. Ces communes avaient un terrain en herbe jusqu'à présent.
A Planguenoual dans les Côtes d'Armor, c'était déjà un terrain synthétique, il avait plus de 10 ans, il devait être changé. Le projet avait été validé à la fin de l’année 2020 avec un gazon synthétique à base de fragments de pneus recyclés. Mais les élus ont vu venir l'interdiction européenne et ont modifié le projet. Ce sera finalement du 100% liège, la livraison est prévue pour la rentrée 2024.