Bien-être animal : fin de l’élimination des poussins mâles en 2022. "Qui va payer" demande la filière

Le ministre de l’agriculture a annoncé la fin du broyage ou du gazage des poussins mâles dès 2022 et promis une enveloppe de 10 millions d’euros aux accouveurs pour s’adapter. La filière exige une réglementation européenne pour éviter les distorsions de concurrence.

On ne saura jamais qui de l’œuf ou de la poule a vu le jour en premier… mais on sait qu’aujourd’hui, pour faire des œufs, il faut des poules ! Et pas des coqs !

Depuis des années, la filière s’est organisée en conséquence. Dans chaque couvoir, au moment de la sortie de l’œuf, les poussins sont sexés. Les femelles partent pour des élevages, les mâles, eux, étaient jusqu'ici détruits, broyés ou gazés. Un procédé que la société ne supporte plus.

Dès 2022, les accouveurs devront s’équiper de matériels qui permettent de voir à l’intérieur de l’œuf le sexe du futur poussin grâce à la couleur de ses plumes.


Voir le sexe à l'intérieur des oeufs

La société Hy Line de Loudéac dans les Côtes d’Armor a créé "Cheggy", un procédé qui permet de voir par spectrométrie le sexe des animaux. Les plateaux d’œufs sont chargés dans la machine qui les éclaire par le bas et repère ainsi par la couleur le sexe de l'oeuf. Le système permet de trier jusqu’à 20 000 œufs à l’heure. Les œufs mâles sont anesthésiés. Les œufs femelles repartent à l’incubation pour donner jour à de petites poulettes.

"La fin du broyage, c’est une bonne décision, pour toute la filière qui est attentive au bien-être animal explique Ségolène Guerrucci, directrice du Syndicat National des Accouveurs. Mais cela va demander des investissements et des aménagements conséquents. Dans un couvoir, on fonctionne en marche en avant. Si on sort les œufs de l’incubateur pour les mettre dans une machine à sexer, on ne pourra pas les ramener en arrière. Il faudra donc créer d’autres incubateurs, tout réaménager."


Une aide de 10 millions d'euros

Le ministre de l’agriculture a promis une enveloppe de 10 millions d’euros pour aider les entreprises à s’équiper. Mais les éleveurs ont fait le calcul, le surcoût pour la filière œufs pourrait être de 64 millions d’euros.

"Aujourd’hui, on achète une poulette 80 centimes, demain, elle coûtera 2 euros. Qui va payer ?" s"interroge Yves-Marie Beaudet, responsable de la section Œufs à la FRSEA.

Julien Denormandie évoque une hausse de 1 à 4 centimes pour une boite de 6 œufs. "Il va falloir que la grande distribution et les consommateurs jouent le jeu, analyse Ségolène Guerrucci parce qu’il y a d’un côté le citoyen, qui veut plein de garanties sur le bien-être, et de l’autre, le consommateur, qui lui, va faire ses courses en regardant son porte-monnaie. "

La France est le premier pays producteur d’œufs en Europe. Chaque jour, 40 millions d’œufs sortent des élevages français, 15 milliards par an. 


Attention à la distorsion de concurrence 

"Il faut que la décision soit prise au niveau européen affirment les éleveurs. Sinon, il y aura des distorsions de concurrence. 60% des œufs que nous consommons sont achetés en œufs dits coquille, entiers dans des boites à œufs, mais 40% sont utilisés par l’agroalimentaire, dans les gâteaux, les crèmes, les mayonnaises, et pour tous ces produits-là, le consommateur ne saura pas si c’est un œuf français dont le frère de la poulette a été traité avec humanité ou un œuf venu d’ailleurs."

L’entourage du ministre affirme que c’est l’objet des réunions qui se déroulent actuellement à Bruxelles. Les négociations se poursuivent. 
 

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