À Lescouët-Gouarec, Willy et Géraldine accueillent dans leur refuge 17 loups. L'objectif de ce lieu ? Permettre à ces animaux de retrouver un pan de vie sauvage, après une existence malmenée par la main de l'homme et aussi de sensibiliser les visiteurs à cette espèce toujours victime de préjugés.
Quatre loups au début. Dix sept maintenant. Willy dirige et s'occupe, avec sa femme Géraldine du seul refuge en France ouvert au public et dédié à cet animal. Dans les bois du Centre Bretagne à Lescouët-Gouarec (Côtes d'Armor), il prend soin de bêtes au parcours chaotique, toutes nées en captivité. Venus de zoo, du monde du spectacle (cinéma, fêtes médiévales...), victimes de trafic, détenus illégalement, ces loups arrivent à Coat Fur pour prendre une sorte de retraite. C'est souvent là qu'ils finiront leur vie.
Ce qui m'impressionne toujours c'est la place qu'ils ont dans l'écosystème. Sans le prédateur, il n'y a rien.
Apprendre à observer
Willy insiste d'emblée, auprès des visiteurs, qu'ils soit grands ou petits. Le refuge n'est pas un parc animalier, ni un zoo. Les loups sont organisés en groupe, répartis dans neuf enclos. Des petites trappes peuvent permettre des passages, selon les affinités. Ici, il n'y aura pas de numéro. "Le fait d'accueillir des animaux traumatisés impliquent qu'on ne fait pas d'animations".
À Coat Fur, il faut cultiver la patience, l'observation pour pouvoir les apercevoir. Et le silence. "Le refuge est là pour préserver leur tranquilité"explique t-il avant de rappeler à un groupe"on ne crie pas, on ne tape pas contre les grillages.".
L'ambition pédagogique de Willy est grande. Tout le monde a encore peur du loup. "On est aussi là pour démystifier un animal méconnu" poursuit-il. Alors que des familles débutent le parcours, Blizzard, rescapé du milieu du cinéma n'apprécie pas cette incursion sur son territoire. Il se met à aboyer. Premier préjugé cassé : un loup ne fait pas que hurler. Il aboie aussi.
Beaucoup de questions reviennent. Le loup mange t-il les hommes, les enfants ? Réponse négative de Willy. C'est arrivé dans le passé car les hommes laissaient traîner leurs cadavres. La bête s'est juste adaptée. Willy ajoute : "un loup peut ne pas manger pendant 10 jours et ensuite s'avaler 10 kilos de viande."
Mon travail c'est 80 % d'observation, 20 % d'action. J'interviens le moins possible pour désimprégner les loups
"C'est tentant de vouloir caresser un loup, mais pour ça on a des chiens et des chats." Willy insiste sur la vie d'avant de ses protégés, qui pèse encore. "J'ai eu une louve, Katchina. À son arrivée, elle faisait les 100 pas (ce comportement est synonyme de stress, d'ennui), 19 heures par jour. À force, elle a fini par creuser une tranchée. Elle a arrêté au bout d'un an."
Une passion
Willy se lance en 2006. Ce passionné d'animaux a d'abord fréquenté le milieu du cheval, en y exerçant plusieurs métiers : de palfrenier à cavalier. Peu à peu, il s'intéresse au monde sauvage. Son projet d'installer des loups en Bretagne ne se fait pas sans heurts, surtout auprès des agriculteurs et des chasseurs du coin. "C'était ici et pas ailleurs, j'ai eu le coup de coeur pour le coin." Il achète 36 hectares, dont douze pour les loups.
Il possède des certificats de capacité nominatifs, des autorisations administratives nécessaires, pour chaque espèce (il a aussi des cervidés). Il s'est beaucoup formé, auprès de professionnels. Les autorités le surveillent de près. Le refuge fonctionne grâce aux visites et au soutien de la fondation Brigitte Bardot qui finance la nourriture et les soins. Willy est bénévole, sa femme l'unique salariée du lieu.
Pendant l'automne et l'hiver prochain, Willy et Géraldine prévoient la création d'un nouvel enclos, pour accueillir de nouveaux pensionnaires, en urgence. Willy rêve qu'un jour un refuge comme le sien n'existe plus, "que les humains se responsabilisent enfin et laissent la faune sauvage à sa juste place. Respectée." 38 loups sont passés par Coat Fur.
Selon l'association Ferus, la France compte 500 loups en liberté, 300 en captivité. Le nombre de loups en liberté n'a jamais été aussi élevé depuis le retour de l'espèce il y a 30 ans. L'association estime pourtant que ce chiffre est faible. "Pour permettre à la population de s’adapter aux changements futurs et ainsi assurer sa viabilité sur le long terme, un effectif de 2500 à 5000 individus adultes constitue le minimum nécessaire."
Infos pratiques
Le refuge est ouvert à l'année pour les groupes, uniquement sur réservation.Horaires d'ouverture
- Avril – Mai – Juin – Septembre : Samedis et Dimanches et jours fériés de 14h à 18h
- Juillet – Août : du mercredi au dimanche de 14h à 18h