La nouvelle génération d'agriculteurs ajoute les nouvelles technologies au savoir-faire traditionnel. Antoine Boixière, 27 ans, a fait le choix de doter son exploitation de robot plutôt que d'embaucher une nouvelle personne.
Un robot distribue la nourriture aux vaches, un autre change la paille et deux robots s'occupent de la traite : Antoine Boixière, 27 ans, adore les robots qui le soulagent au quotidien sur l'exploitation laitière de 140 hectares des Côtes-d'Armor qu'il partage depuis six ans avec son père.
J'aime bien tout ce qui est automatisation
explique le jeune homme aux allures d'étudiant dans l'allée centrale du grand hangar impeccable où sont répartis vaches et veaux, à Pleudihen-sur-Rance.
Depuis son installation en Gaec (Groupement agricole d'exploitation en commun) en 2011 dans cette exploitation de 120 vaches laitières, la ferme, au fonctionnement classique jusqu'alors, a fait l'acquisition de quatre robots.
Il y a cinq ans, la question s'est posée: embaucher deux salariés ou acheter un robot de traite, le coût étant quasiment identique. On a choisi le robot
poursuit Antoine Boixière pour lequel, globalement, les investissements de sa ferme robotisée ne sont pas plus lourds que ceux d'une exploitation conventionnelle.
Le jeune homme énumère les raisons de ce choix :
Le robot travaille sept jours sur sept, ne prend pas de vacances, n'est jamais malade. Au bout de sept ans, il est amorti, alors que le salarié, il faut continuer à le payer la 8e année...
Et surtout, le robot apporte un plus par rapport au salarié, considère l'éleveur. Si elle est traite trois fois par jour, la vache, dotée d'un boitier connecté au niveau du collier, passe en moyenne cinq fois dans le robot.
A chaque passage, "le robot nous donne des informations. Si une vache est patraque, il nous le dit (...) Du coup, il y a beaucoup de problèmes qu'on sait mieux prévenir. On traite beaucoup plus en préventif, avec des huiles essentielles, au lieu de
faire du curatif. Huit fois sur dix, on n'a pas besoin d'avoir recours aux antibiotiques".
"Sportives de haut niveau"
Aux yeux du jeune éleveur, pour ces vaches qui ne sortent jamais de l'étable, l'automatisation améliore aussi la performance et le bien-être. Le robot permet "une alimentation en continu", contrairement à une ferme classique où l'agriculteur vient nourrir ses vaches. "Ça fait qu'il n'y a pas de compétition à l'auge et donc, pas de stress" pour les animaux qui ont accès en permanence à la nourriture.
De plus, "on lui dit (au robot d'alimentation, ndlr): 'telle ration pour tel lot, à tel endroit'" et le robot prépare "à 100g près" l'assemblage de fourrages et
de minéraux requis -provenant pour une large part des cultures de l'exploitation- puis va le déposer devant l'animal.
C'est beaucoup plus précis que l'humain
Robot de traite et robot d'alimentation "se transmettent les données" et "nous ressortent l'efficacité alimentaire et économique" de la vache. "Tous les jours, on peut savoir ce qu'on a gagné..." Quant au robot pailleur, il renouvelle régulièrement la paille sous les vaches pour leur plus grand confort, tout en libérant l'éleveur d'une tâche peu gratifiante. "Il y a beaucoup moins de poussière."
Ce sont de bien meilleures conditions pour nous comme pour les animaux.
Car le confort de l'animal est une préoccupation constante. "Elles font ce qu'elles veulent quand elles en ont envie." Elles disposent même d'un appareil brosseur: la machine "brosse l'endroit où la vache a envie d'être brossée". "On fait tout ce qu'il faut pour qu'elles soient au top. Ce sont des sportives de haut niveau."
Et les vaches le lui rendent bien. "Grâce au robot de traite, on a 10% de production en plus", constate Antoine Boixière. Soit 12.000 litres en moyenne par vache et par an -1,4 million au total/an- quand la production moyenne de la race la plus productive se situe environ à 9.350 l/vache/an.
L'automatisation, "ça nous fait gagner beaucoup de temps et ça nous apporte aussi de la souplesse dans le travail". Les journées sont moins longues, un weekend sur deux est libre et quelques courtes semaines de vacances sont même au programme.