Laitik : l'aventure des producteurs de lait bretons continue... non sans mal

Depuis un an, 200 000 briques de lait sortent de la laiterie de Trémorel (22), chaque semaine. A l'époque, c'était une victoire pour les 54 agriculteurs qui se sont lancés dans cette aventure hors norme. Aujourd'hui, ils attendent le versement de subventions, pour pouvoir poursuivre l'aventure.

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Un an après le lancement de leur marque sur le marché, les briques de lait de la marque Laitik, sont distribuées dans 400 supermarchés bretons. Toutes les enseignes les proposent à la vente, de Leclerc, en passant par Super U ou Carrefour. Certaines ont même évincé les marques de grands industriels pour leur faire de la place. Prix de vente du lait demi-écrémé, entre 69 et 74 centimes le litre, selon le packaging. Et le consommateur est au rendez-vous. Ceux que nous avons rencontrés, dans un hypermarché de Dinan, soutiennent les éleveurs de Laitik : "bien sûr qu'il faut les aider, c'est du lait local et il est bon", disent-ils. Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution n'est pas étonné par ce succès commercial. Pour lui, "cette initiative est une façon de répondre à une attente du consommateur, à savoir donner du sens à ses achats". 

Les difficultés persistent


Mais un an après, tout n'est pas rose. Les producteurs de Laitik restent sur leur faim, car la rémunération ne suit pas comme ils l'espéraient. Loïc est installé en Ille-et-Vilaine et produit pour Laitik depuis un an. Il s'est lancé avec 53 autres producteurs de lait, parce qu'il voulait redevenir indépendant et ne plus avoir affaire aux gros industriels. Il ne regrette rien de l'aventure et ira jusqu'au bout. Il apprécie le côté humain et a enfin l'impression de produire pour les consommateurs et non pour les industriels.



Mais, cette autonomie a un coût et pour le moment, les fins des mois sont encore difficiles. En 2017, il a été payé 300 euros en moyenne les 1000 litres, c’est moins que ce que paient les industriels, d'autres producteurs de Laitik sont mieux rémunérés, grâce aux primes qualité.
Pourquoi ce prix? Parce que Laitik transforme seulement 60% du lait en briques. Le marché ne peut absorber le reste, qui est revendu à d'autres laiteries, moins cher. 

Mais presque tous les producteurs de Laitik y croient encore. Chaque mois, la laiterie fait un petit bénéfice, ce qui laisse augurer de meilleures heures et surtout les dirigeants voudraient poursuivre les investissements pour pouvoir commercialiser de la crème, du beurre ou des desserts lactés.


Des subventions qui ne viennent pas


Mais ils sont bloqués, car ils attendent des subventions de l’Etat et de la Région, 1,3 millions d'euros. Elles n'ont pas été versées pour quelques raisons administratives, quelques retards de paiement ou factures non présentées, mais aussi pour quelques raisons politiques.

Les dirigeants de la laiterie sont des anciens de l’Apli, association indépendante de producteurs de lait et n’ont pas que des amis dans la profession.

 on dérange un système établi depuis des décennies (...) le milieu agricole n'aime pas les agriculteurs libres (Hervé le Roy, dirigeant de la Sica Lait'Sprit d'Ethique


Olivier Dauvers est consterné par l'attitude du monde agricole sur ces dossiers-là. "Derrière une apparente unité pour dire que ca va mal, explique-t-il, il y a tout un tas d'initiatives qui sont mal fédérées pour des problèmes politiques, chacun défendant sa chapelle".

Les dirigeants de Laitik viennent de solliciter Jean-Yves Le Drian, ancien président de la Région Bretagne, et actuel ministre des affaires étrangères pour que les subventions soient versées. Un ultime recours pour que la laiterie poursuive son aventure.


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