PORTRAIT. Karim Randé, l'acrobate amputé qui soigne les patients grâce aux arts du cirque

Karim Randé est acrobate. Il a été amputé de la jambe droite en 2016, mais il n'a jamais pensé à se reconvertir. Depuis début avril, il participe aux 100 ans du centre de rééducation de Trestel de Trévou-Tréguignec, dans les Côtes d'Armor. En plus de ses animations dans le centre et sous le chapiteau installé à proximité, il prépare un nouveau spectacle.

Karim Randé est acrobate. Depuis ses 19 ans, il enchaîne les numéros sur la piste.  Il y a huit ans, en plein spectacle, il loupe sa réception. La cheville droite est en mille morceaux. "C’est une mauvaise réception sur une bascule coréenne, j’ai eu une triple fracture, explique l'acrobate. Les médecins réparent la cheville avec des vis, mais les douleurs sont énormes.

Et lors d’un énième opération chirurgicale, il attrape un staphylocoque doré. Hasard de la vie, il apprend la nouvelle, à la veille d’une représentation de cirque à Trestel, dans le centre de rééducation et de réadaptation des Côtes d’Armor.

Les médecins l’amputent, sous le genou, pour qu’il puisse être appareillé. C’était en 2016.  C'est lui qui a décidé de se faire amputer.

L'amputation était la seule solution qui me permettait de reprendre le cirque, toutes les autres solutions faisaient que j’allais boîter. Mon pied allait être un fardeau. J’ai donc pris cette décision. Aujourd’hui j’en suis très content, c’est une délivrance. En France, l’amputation reste en échec pour le milieu médical. Alors que pour moi c’est tout le contraire.

Karim Randé

Depuis, le garçon est revenu sur la piste. Tous les jours il s’entraîne, tous les jours il se rend à la salle de musculation. Il a fait de ses prothèses, ses nouveaux accessoires, ses nouveaux agrès. 

Mon moignon a un nom il s’appelle Pitch, "comme les petites brioches.

Karim Randé

Six ans après son amputation dans un hôpital du sud de la France, Karim Randé est de retour avec ses complices à Trestel, pour fêter les 100 ans du centre de rééducation, en collaboration avec le Carré magique de Lannion.

Dans un chapiteau installé en contrebas des salles de kinés et des chambres des patients du centre, il prépare un spectacle avec quelques volontaires.

Des patients partagent la piste avec l'acrobate

Monique Keranguyader séjourne au centre de rééducation pour réapprendre à marcher et retrouver la mobilité de son bras. Elle fait partie des volontaires qui ont participé au projet de Karim Randé. Elle n’avait pas vraiment prévu de jouer l’acrobate, sous un chapiteau.

Celle que ses petits enfants appellent mamie roulettes partage la même envie que Karim Randé, s’amuser avec la vie et le handicap. "Ces artistes nous apportent leur confiance", explique-t-elle.

Karim Randé et ses complices ont également fait quelques improvisations dans l'école et au jardin d'enfants du centre de rééducation. Il reste jusqu'à la fin du mois de mai pour préparer son futur spectacle. "Il va s'appeler Monsieur patate, explique Karim Randé, ce jouet à qui l’on peut ajouter ou enlever des membres à volonté. Ce spectacle est né de l’envie de populariser la prothèse et de parler de la prothèse comme objet d’art, de cirque et non pas comme objet de pitié ou de soin".  Il y a un sous-titre à "Monsieur patate", c'est "l'homme augmenté, l'homme diminué" en écho au parcours de Karim Randé. 

Dans le monde du handicap, il n’y a que deux regards chez les valides. Soit l’handicapé à qui on fait une collecte, parce que 'le pauvre la vie est difficile pour lui' ou alors c’est celui qui va traverser la Manche et qui fait un exploit. Le curseur passe d’une extrême à l’autre, on dirait qu’il n’y a personne au milieu. Quid des gens en fauteuil qui vivent leur vie?

Karim Randé

L’acrobate de cirque raconte à lui seul, que la vie après l’accident ou la maladie, peut reprendre même avec un corps différent.

A Trestel, il veut alléger le quotidien des patients. Comme une autre façon de soigner et c’est gagné.

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